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09 : Le Café Guerbois
Le Café de la Nouvelle-Athènes
La première exposition des Impressionnistes (1874)
Opéra – L’Orchestre – Degas (1870)
Le Balcon – Manet (1869)
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Le Bal du Moulin de la Galette – Renoir (1877)


Martial Caillebotte hérite de son père, riche négociant drapier, en 1874. Dès lors, il n’aura de cesse d’aider ses amis impressionnistes dans ces années 1870 où ils sont tous dans la précarité, à commencer par Claude Monet qu’il aide à aménager son atelier flottant sur l’Oise et la Seine, puis lui loue un appartement près de la gare Saint-Lazare (cf.27) ; il aide financièrement la famille Pissarro installée à Pontoise ; il participe activement à l’organisation des expositions impressionnistes et achète des toiles.

Plus tard, lorsque le groupe se dissout, il a le souci de maintenir les liens entre les différents artistes en poursuivant la tradition des dîners de l’époque du café Guerbois (cf.09), puis à la Nouvelle Athènes (cf.22). Caillebotte paie pour tout le monde.


La collection

Elle commence par l’acquisition de toiles invendues de l’exposition de 1874 (cf.20) lors de la vente à l’hôtel Drouot le 24 mars 1875 et ne cesse dès lors de s’enrichir.

Si elle est avant tout constituée d’œuvres impressionnistes, elle comporte aussi deux dessins de Jean-François Millet et une aquarelle de Paul Gavarni. Au total 70 œuvres dont 67 huiles sur toile et pastel.

Quelques-unes des chefs d’œuvre de la collection :

Degas, Femmes à la terrasse d'un café, le soir (1877), Ballet (1876, cf.15) ; Cézanne, Baigneurs au repos (1875) ; Manet, Le Balcon (1868 cf.12) ; Monet, Régates à Argenteuil (1865), La Gare Saint-Lazare (cf.27, 1877), Effet de neige à Vétheuil (1878) ; Pissarro, La Seine à Port-Marly, le Lavoir (1872), Les Toits rouges (1877) ; Renoir, Torse, effet de soleil (1875), La Balançoire (cf.29, 1877), peinte par l’artiste alors qu’il s’est attelé au Bal du moulin de la Galette, également dans la collection ; Sisley, Cour de la Ferme à Saint-Mammès (1884).

Une collection exceptionnelle, presque toutes ces oeuvres appartenant à une période capitale de l’Impressionnisme, de 1874 à 1886.

Sisley - Cour de ferme à Saint-Mammès, 1884, musée d'Orsay

Monet - Régates à Argenteuil, 1872, musée d'Orsay

Pissarro - Les Toits rouges, 1877, musée d'Orsay

Degas - Femmes à la Terrasse d'un café, 1877, musée d'Orsay

Cézanne - Baigneurs au repos, 1876, Barnes Foundation, Philadelphie


Le testament de Caillebotte

1er novembre 1876, René, le jeune frère de Gustave et Martial meurt. Deux jours plus tard, Gustave rédige son testament alors qu’il n’a que 28 ans ; il lègue à l'État français « la peinture des autres que je possède » - par un codicille rédigé en 1883, il  exclut ses propres toiles.

Caillebotte pose deux conditions : que les œuvres soient réellement exposées et qu’elles le soient au musée du Luxembourg puis au Louvre.


Un legs jugé encombrant

Gustave Caillebotte décède le 21 février 1894. Auguste Renoir est son exécuteur testamentaire.

Le 20 mars 1894, le comité consultatif des Musées nationaux veut accepter intégralement le legs comprenant alors 60 tableaux. Des artistes officiels et des politiques protestent. L'Académie des beaux-arts qualifie l'événement d'« offense à la dignité de notre école ». Le peintre Jean-Léon Gérôme écrit dans le Journal des artistes : « Nous sommes dans un siècle de déchéance et d’imbécillité. C’est la société entière dont le niveau s’abaisse à vue d’œil… Pour que l’État ait accepté de pareilles ordures, il faut une bien grande flétrissure morale »

Le directeur du musée, Léonce Benedite, est embarrassé, il tergiverse, prétextant que la place manque au Luxembourg pour exposer même le tiers de la collection.

Le 17 janvier 1895, le directeur des Beaux-Arts organise une réunion dans son cabinet avec les représentants de l'Administration, les notaires, Martial Caillebotte et Auguste Renoir. On conclut qu'une exécution rigoureuse du testament n’est pas réalisable, il est décidé que l'Administration choisira les tableaux qu'elle veut exposer. Martial Caillebotte deviendra possesseur des autres œuvres. Les raisons : l’étroitesse des locaux du musée du Luxembourg et les règlements qui, par un sentiment d'équité, limitent le nombre des ouvrages pour un même artiste.

40 œuvres sont retenues dont toutes celles évoquées plus haut. Une annexe au musée est construite sur la terrasse où les œuvres sont exposées en 1897.

Elles seront transférées au Louvre en 1929 puis au musée du Jeu de Paume en 1947 avant de rejoindre le musée d’Orsay en 1986, où elles forment aujourd'hui le noyau de la collection impressionniste.


Et les œuvres de Caillebotte ?

Les 30 œuvres non-acceptées deviennent la propriété de Martial et se retrouvent dans son inventaire après décès du 28 mai 1910 avec en plus, entre autres, 6 tableaux de Renoir ; en tout près de 200 tableaux et esquisses de Caillebotte. Une partie sera progressivement vendue par ses héritiers et dispersée dans différentes collections mondiales. Les descendants de Martial possèdent encore près de 70 % de ses toiles.

Le musée d’Orsay conserve 38 de ses œuvres, dont les Raboteurs de parquet.

 

Liste des œuvres de la collection Caillebotte — Wikipédia (wikipedia.org)

35 : Le Legs Caillebotte

Musée du Luxembourg