22 : Le Café de la Nouvelle-Athènes
9, place Pigalle
Federico Zandomeneghi peint Suzanne Valadon - Au café de la Nouvelle-Athènes, 1885
Federico Zandomeneghi - Au café
On y voit aussi l’écrivain irlandais George Moore, dont Manet fera plusieurs portraits ; parmi ceux-là, ce dessin à la plume, George Moore au Café.
George Moore au Café, 1878, Metropolitan museum of Art, NYC
Ou encore Marcellin Desboutin, peintre et graveur, fils d’un garde du corps de Louis XVIII et d’une baronne, élève des Beaux-arts et de Thomas Couture, propriétaire d’une vaste maison à Florence où il mène une vie fastueuse et se lie avec Edgar Degas avant d’être en partie ruiné par un krach boursier. Il expose à la deuxième exposition des impressionnistes et fait le portrait de nombre de ses amis : Edgar Degas, Auguste Renoir, Berthe Morisot ou Eugène Labiche. Marcellin Desboutin est l’un des deux personnages du chef d’œuvre d’Edgar Degas, L’Absinthe, qui a pour décor le Café de la Nouvelle-Athènes.
Desboutin - Edgar Degas, Musée d'art de d'histoire de Versailles
L’Absinthe de Degas
L'Absinthe (Dans un Café) - 1875, Musée d'Orsay
Deux « épaves urbaines » selon Françoise Cachin.
Un espace savamment construit avec le plan des tables. Devant la femme est posé un verre rempli d'absinthe ; elle paraît fatiguée, les épaules voûtées, le regard perdu et triste. L'homme fume la pipe et scrute la salle. Les tons dominants n’engendrent pas la gaîté : le gris des marbres des tables de café et des rideaux, le marron des banquettes et de la robe, le noir du costume. En décentrant les personnages, Degas souligne leur isolement ; comme Manet, il n’hésite pas à couper certains éléments, la main et la pipe de l'homme, la table et le journal au premier plan, ce qui renforce l’impression du caractère éphémère de la scène.
Sous le titre Dans un café, la toile est présentée à Paris dans la Deuxième exposition des impressionnistes en 1876 ; sa trivialité fait scandale (cf.25)
La femme est Ellen (ou Hélène) Andrée. Elle se dira fort mécontente du travail de Degas : « le monde renversé, quoi ! Et nous avons l'air de deux andouilles » ; elle n’apprécie pas plus son visage qu’elle trouve déformé. Deux ans plus tard, Manet la représente à son tour dans le même café devant un verre de prune à l’eau de vie :
La Prune de Manet
22 : Le Café de la Nouvelle-Athènes
9, place Pigalle
Federico Zandomeneghi peint Suzanne Valadon - Au café de la Nouvelle-Athènes, 1885
Federico Zandomeneghi - Au café
On y voit aussi l’écrivain irlandais George Moore, dont Manet fera plusieurs portraits ; parmi ceux-là, ce dessin à la plume, George Moore au Café.
George Moore au Café, 1878, Metropolitan museum of Art, NYC
Ou encore Marcellin Desboutin, peintre et graveur, fils d’un garde du corps de Louis XVIII et d’une baronne, élève des Beaux-arts et de Thomas Couture, propriétaire d’une vaste maison à Florence où il mène une vie fastueuse et se lie avec Edgar Degas avant d’être en partie ruiné par un krach boursier. Il expose à la deuxième exposition des impressionnistes et fait le portrait de nombre de ses amis : Edgar Degas, Auguste Renoir, Berthe Morisot ou Eugène Labiche. Marcellin Desboutin est l’un des deux personnages du chef d’œuvre d’Edgar Degas, L’Absinthe, qui a pour décor le Café de la Nouvelle-Athènes.
Desboutin - Edgar Degas, Musée d'art de d'histoire de Versailles
L’Absinthe de Degas
La Prune, National Gallery of Art, Washington, 1877
Une jeune femme habillée d'une robe rose, assise sur une banquette rouge, la tête appuyée sur sa main droite ; sur la table devant elle, dont le dessus est en marbre, est posé un petit verre contenant une prune à l'eau de vie ; elle tient dans sa main gauche une cigarette roulée non allumée et elle a le regard rêveur tourné vers la gauche.
Le tableau est découpé en trois bandes horizontales : le haut à dominante verte et marron clair sur lequel se détache la tête du modèle ; au milieu, se tient le corps du modèle dans sa dominante rose qui contraste avec le rouge profond de la banquette ; enfin, en bas, le gris du marbre de la table.
Ellen Andrée figée dans une rêverie douce et mélancolique.
Précisons que L’Absinthe et La Prune n’ont pas été peints « sur le motif » mais sont deux œuvres d’atelier.
Ellen Andrée
Ellen Andrée par Nadar vers 1890, Gallica
Manet - Une Parisienne, Nationalmuseum Stockholm, 1876
Son ascendance reste floue ; elle-même se dit enseignante dans le primaire, une profession peu probable étant donné ses capacités en mathématiques.
Elle est d’abord mannequin dans une maison de couture et c’est en fréquentant le Café de la Nouvelle Athènes qu’elle va devenir modèle. Fréquenter seule un café est une manière incongrue pour une femme célibataire de la classe moyenne mais plus habituelle chez les ouvrières et les prostituées.
Edouard Manet et Edgar Degas sont les premiers peintres qui la prennent comme modèle mais celui qui va lancer sa carrière est Henri Gervex, avec le tableau Rolla, qui fait scandale au Salon de 1878.
Henri Gervex - Rolla, 1878, musée des Beaux arts de Bordeaux
(le corset au premier plan suggéré par Degas
et les effets de la femme en désordre suggèrent une relation tarifée)
Ellen refuse que son visage soit représenté, c’est donc celui d’un autre modèle.
L’année suivante, elle fait ses débuts au Théâtre du Palais-Royal ; puis elle jouera au Théâtre des Variétés, au Théâtre de la Renaissance, au Théâtre Libre d’André Antoine. Son succès est tel qu’elle effectue des tournées en Russie, en Argentine et aux Etats-Unis !
Elle posera pour plusieurs autres peintres, dont Auguste Renoir ; elle apparaît en particulier dans son chef d’œuvre, le Déjeuner des Canotiers, c’est la jeune femme buvant de la bière au second plan.
Renoir - Le déjeuner des Canotiers, 1881, Philips collection
Forain - Au café de la Nouvelle-Athènes, Grand Palais
(Le bâtiment, devenu un temps cabaret et lieu de strip-tease, sera détruit par un incendie en 2004)
En 1854, le Café Dangeville est repris et transformé par un "limonadier", où lesdites limonades avaient un certain degré d’alcool…
Situé à la limite sud de Montmartre et la limite nord du nouveau quartier de la Nouvelle-Athènes, le café devient le lieu de rendez-vous des artistes et écrivains qui logent dans ces quartiers, à commencer par les peintres de Barbizon tels Théodore Rousseau, Daubigny ou Diaz de la Pena, qui loge au n° 11 de la place.
Au milieu des années 1870, Degas habite rue Blanche (cf.21), Renoir a son atelier 35, rue Saint-Georges avant de s’installer rue Cortot (cf.29) et Monet retrouve son quartier de naissance pour entreprendre sa série de tableaux sur la gare Saint-Lazare (cf.27). Le centre de gravité se déplace donc du quartier des Batignolles (cf.14) vers la place Pigalle et le Café de la Nouvelle-Athènes remplace le Café Guerbois (cf.09).
On y voit Suzanne Valadon, peinte ici par Federico Zandomeneghi :