Au temps de l’atelier Gleyre (1860-1861)
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Le Balcon – Manet (1869)
L’atelier de Bazille (1870)
L’atelier de Bazille (1870)
La première exposition des Impressionnistes (1874)

14 : Un Atelier aux Batignolles – Fantin-Latour (1870)

86, rue Mérédic


Henri Fantin-Latour est proche des jeunes loups des années 1870 bien que sa production en soit éloignée. Il a accédé à la postérité grâce à une série de quatre tableaux immortalisant les traits de ses amis. Parmi eux, l’Atelier aux Batignolles.

L’artiste

(Autoportrait, 1861, Washington Art gallery)


Henri est né le 14 janvier 1836 à Grenoble, fils d’un professeur de dessin qui prend en charge son initiation. Après l’école des Beaux-Arts de sa ville, il entre à celle de Paris en 1854 où il a pour condisciple Edgar Degas.

D’abord une série d’autoportraits à la craie, au fusain ou à l’huile et un credo, « le Louvre ! Il n’y a que le Louvre ! » - il s’entoure chez lui de copies de ses maîtres, Véronèse, Delacroix, Watteau ; c’est au Louvre qu’il fait la connaissance de son ami, l’américain Whistler.

Une première œuvre exposée au Salon, La Liseuse (musée d’Orsay), en 1861


De 1861 à 1865, Fantin-Latour habite avec ses parents, 79, rue Saint-Lazare, où il occupe un atelier qui lui est commun avec Théodore, son père.

C’est dans cet atelier qu’il peint le premier de ses tableaux de groupe, Hommage à Delacroix.

Hommage à Delacroix, 1864, musée d’Orsay

Parmi les personnalités rerésentées : Fantin-Latour en chemise blanche, Baudelaire, assis à droite ; debout et encadrant le tableau, Whistler et Manet reconnaissable à sa barbe rousse


En 1868 Fantin-Latour s’installe rive gauche, 8, rue des Beaux-arts, dans l'atelier qu’il gardera jusqu’a la fin de sa vie, un atelier bas, étroit et pas très bien éclairé.

Fantin-Latour ne travaille pas « sur le motif » ; c’est un peintre d’atelier, assis face à son chevalet sur une petite chaise, une visière de carton au-dessus des yeux.

Ce n’est pas Manet, sa peinture n’a rien de révolutionnaire ; il peint des natures mortes, des compositions de fleurs et de fruits, genre classé au bas de l’échelle par l’Académie mais ses tableaux trouveront preneurs, en particulier en Angleterre où il fait de fréquents séjours. Pas de sujet religieux, historique, mythologique ; Fantin-Latour, à sa manière et sans faire scandale, prend le contre-pied des principes académiques.

Fleurs et fruits, 1865, musée d’Orsay


Ce ne sont pas ses natures mortes qui passent à la postérité mais la remarquable série de portraits collectifs, dont Un atelier aux Batignolles.

Un Atelier aux Batignolles, 1870, musée d’Orsay


Un atelier aux Batignolles

Fantin-Latour a connu Degas aux Beaux-Arts ; c’est un ami de Manet et il a rencontré Monet, Sisley, Renoir et Bazille lors d’une visite à l’atelier Gleyre (cf.01). Par ailleurs habitué du café Guerbois (cf.09), c’est un membre à part entière du « Cénacle des Batignolles » dont il fait ce portrait collectif.

Nous sommes dans l’atelier de Manet, 86, rue Guyot (aujourd’hui rue Médéric cf.12).

Au centre, Edouard Manet, assis, le pinceau à la main devant son chevalet, qui assume ainsi son rôle de guide (« Autour du peintre vilipendé par le public s'est créé un front commun de peintres et d'écrivains le revendiquant comme un maître », Zola).

De gauche à droite, Otto Scholderer (peintre allemand), Renoir, le critique Zacharie Astruc (également présent dans L’Atelier de Bazille cf.03), Emile Zola, Edmond Maître (cf.03), Frédéric Bazille, de profil avec un pantalon écossais, et Claude Monet. 

A noter que Pissarro et Paul Cézanne sont absents et que Monet est discret (c’est pourtant lui qui, dix ans plus tard, deviendra le chef de file à la place de son presque homonyme).


Le « Groupe des Batignolles », un groupe aux contours fluctuants qui deviendra une association officielle avec l’annonce le 27 décembre 1873, de la fondation de la « Société anonyme des artistes peintres, sculpteurs et graveurs » (cf.20).

Autre portrait de groupe : Un coin de table (1872), musée d’Orsay

Verlaine et Rimbaud au premier rang


Fantin-Latour laisse de ses amis des portraits meilleurs que des photographies.