03 : L’atelier de Bazille (1870)

9, rue La Contamine (XVIIe)

Le grand Fréderic Bazille représenté aux côtés de Gustave Courbet dans le Déjeuner sur l’herbe de Claude Monet, 1866, musée d’Orsay


Frédéric Bazille est né le 6 décembre 1841 à Montpellier, fils d’une famille protestante et fortunée, son père est préfet.

Il monte à Paris pour suivre des études de médecine tout en consacrant une bonne partie de son temps à la peinture et ce qu’il en reste aux concerts et au théâtre car ce gaillard de grande taille, aux beaux cheveux blonds et doté d’un charmant sourire, est un mondain.

Ses maîtres en peinture ? Courbet, Delacroix et Véronèse, le maître de la couleur. Beaucoup de ses paysages seront ceux du sud, de la région de Montpellier où il retourne tous les ans ; là, il montre ses talents de coloriste à une époque où Monet, Cézanne et Renoir ont encore une palette sombre. Il cherche à simplifier certaines formes, à rendre les bâtiments géométriques et préfigure en cela ce que va faire Cézanne bien plus tard.


Les ateliers de Bazille

En cinq ans, Bazille a occupé quatre ateliers : il est troublant de penser que l’essentiel du travail de Bazille tient, grosso modo, sur cinq années et quatre ateliers, dont trois seulement sont ici représentés.

Bazille - Atelier rue de Furstenberg, 1865, musée Fabre, Montpellier,

Bazille - Atelier rue Visconti, 1867, Virginie museum, Richmond


Janvier 1865, il est alors au 6, place Furstenberg, au-dessus de l’ancien atelier de Delacroix. Il y accueille Monet qui fait face à des difficultés financières ; les relations avec lui sont parfois difficiles (ils ne se tutoieront jamais), mais Bazille accompagnera pourtant Monet à Sainte Adresse et, dans le Déjeuner sur l’Herbe, Bazille se tient debout derrière Courbet.

Juillet 1866, Bazille s’installe avec Renoir, 20 rue Visconti.

Janvier 1868, il est au 9, rue de la Paix qui deviendra en 1869 9, rue de La Condamine, l’atelier du tableau.

Enfin, en mai 1870, il déménage au 8, rue des Beaux-Arts.


L'atelier de Bazille de la rue de la Condamine

  

Frédéric Bazille - L'Atelier de Bazille, 1870, Musée d'Orsay


Dans un quartier où vivent Fantin-Latour et Manet.


Source : le très riche site appeau vert [2]: Atelier de la condamine


Les œuvres présentées selon l’auteur du site : sur le chevalet, Vue de village, de Bazille.

À gauche, accroché au mur, Pêcheur à l’épervier, de Bazille ; au dessus du canapé, La Toilette, encore à l’état d’ébauche (ce tableau sera refusé au Salon) - Bazille travaillait plutôt lentement, préparant ses toiles par de nombreux croquis, revenant cent fois sur l'ouvrage.

Au dessus de La Toilette, Paysage à deux figures, de Renoir.

Les personnages, de gauche à droite, selon l’auteur :

Zola ou Sisley (sous l’escalier), Renoir (dans l’escalier), Monet ou le critique d’art Zacharie Astruc, Manet, le grand Bazille et Edmond Maître au piano.

Edmond Maître fut l’ami proche de Bazille, celui à qui la famille du peintre demanda, après la mort de leur fils, de se charger de la liquidation de l’atelier et du renvoi des toiles et dessins restés à Paris.

« Tous les sujets de la peinture sont présents, de la figure au paysage en passant par la nature morte, de l’œuvre achevée (encadrée) à l’œuvre en cours, de l’œuvre acceptée à l’œuvre refusée (aux Salons). Les actions des personnes représentées (parler, voir, peindre, écouter…) cherchant peut-être à montrer l’effervescence intellectuelle de ces artistes et la pluralité (littérature, peinture, musique)».

Il manque Fantin-Latour, pour qui Bazille avait posé quelques semaines plus tôt pour son Atelier des Batignolles.


Autre site :

L'atelier de la rue Condamine, par Frédéric Bazille, visite par Jean-Claude Bourdais (desordre.net)

28 novembre 1870

Monument à Frédéric Bazille à Beaune-la-Rolande


Frédéric Bazille, bien que n’ayant pas fait son service militaire, est enrôlé en tant que sergent fourrier au 3e zouaves après un bref stage d’entraînement en Algérie. Son régiment est affecté à l’armée de la Loire.

En novembre 1870, sous le commandement du général Ducrot, des forces importantes sont regroupées pour tenter une sortie à l’est de Paris et joindre l’armée de la Loire. Trois jours de durs combats dans la région de Champigny (où le capitaine Manet est agent de liaison, portant les dépêches entre Paris et l’armée de Ducrot). La percée échoue, l’espoir de jonction est perdu, l’armée de la Loire se replie et c’est au cours de cette retraite que Bazille est tué de deux balles. De grande taille, facile à repérer, Bazille a probablement été la victime d’un tireur isolé, sur une route glacée à proximité de Beaune-la-Rolande.

Ainsi disparaît celui que ses pairs considéraient comme le meilleur.

Renoir, lui, s’est engagé dans la cavalerie bien qu’il ne soit jamais monté à cheval.

Monet et Pissarro se sont réfugiés à Londres. Pissarro aura, à son retour, la surprise de voir qu’une grande partie de ses tableaux ont servi de caillebotis pour protéger de la boue les bottes des soldats allemands, ou tout simplement d’allume-feu.

  

Bazille - Autoportrait, 1866, Art Institute of Chicago