Le Canal Saint-Martin – Sisley (1870)
Au temps de l’atelier Gleyre (1860-1861)
Le Pont des Arts – Auguste Renoir (1867)
09 : Le Café Guerbois

11 : Montmartre vu de la Cité des Fleurs – Sisley (1869)


La Cité des Fleurs

Alfred Sisley s’installe 27, Cité des Fleurs, aux Batignolles en 1867, avec sa compagne qu’il épouse bientôt. Leurs deux enfants naîtront à cette adresse, Pierre l’année de leur installation et Jeanne deux ans plus tard.


Le tableau selon York

C’est l’une des premières toiles d'un peintre impressionniste représentant Montmartre.

Bien que né à Paris, Sisley n'en représente pas de vues pittoresques faciles, leur préférant des zones industrielles de son époque comme dans Vue du canal Saint-Martin (cf.13), ou encore cette vue lointaine de Montmartre qu'il peint depuis l'appartement où il loge au no  27 de la Cité des Fleurs. Richard Shone remarque que ses compositions laissent une place plus importante au ciel et à l'eau qu'aux bâtiments et à la vie urbaine ; Sisley est déjà un peintre paysagiste.

Un pré où des arbres ont été récemment plantés, un chemin de traverse, des promeneurs et une charrette attelée à un cheval blanc, un horizon calme et un vaste ciel constituent les éléments pour décrire le charme un peu triste de cette banlieue. À l'arrière plan, se dressent les maisons de Montmartre et au sommet de la butte, un moulin, peut-être celui de la Galette. Ce panorama de la Butte au sud-est de la Cité des Fleurs montre la faible urbanisation à l'époque de l'espace entre le mur de l'octroi – la ligne aérienne du métro n°2 aujourd’hui - et l'enceinte de Thiers, les « fortifs ». Alors que Renoir, Toulouse-Lautrec et plus tard Van Gogh trouveront des sujets de tableaux dans les lieux de divertissement de la Butte, Sisley ne s'y intéresse pas. La butte se dresse à mi-distance sur la toile, autour de l'unique tour à la gauche de l'escarpement. Le paysage dépassant les limites du tableau, les jeunes arbres malingres au premier plan démentent toute velléité pittoresque dans l'intention artistique de Sisley ; la toile est plus proche d'un Corot ou d'un Courbet que d'un Monet ou d'un Renoir, la même année que la Grenouillère.

 Monet - Intérieur, Après dîner (chez les Sisley), 1868, Washington, National Gallery of Art.


Alfred Sisley a 30 ans en 1869

Bazille - Portrait d'Alfred Sisley (1867-1868),

ancienne Collection Wildenstein détruit durant la Seconde Guerre mondiale


Sisley est né le 30 octobre 1839 à Paris, de parents anglais. William, son père, y est en France le représentant de la maison familiale installée à Londres, sa mère, Felicia, est plutôt attirée par la musique et la vie de société, dans la tradition bourgeoise.

C’est bien sûr à Londres qu’Alfred est envoyé pour ses études mais il préfère visiter les musées, admirer les œuvres de Turner et Constable (Constable, qui a consacré son œuvre à un espace limité, la vallée du Denham, tout comme Sisley le fera autour de Moret-sur-Loing…).

A son retour à Paris, il obtient de ses parents l’autorisation, et les moyens, de se consacrer à la peinture, le modeste Sisley ne saura jamais rien faire d’autre que peindre.


En octobre 1862, il est admis dans l’atelier réputé de Charles Gleyre où a lieu sa rencontre décisive avec Renoir, Monet et Frédéric Bazille (cf.01), des amis qu’il suit quelques mois plus tard pour travailler « sur le motif » dans la forêt de Fontainebleau, à Chailly-en-Bière, Barbizon, ou encore à of, avec Renoir, où on le reconnaît avec sa barbe rousse sur la tableau de Renoir, la Cabaret de la mère Anthony (cf. 10).

Entre-temps, il retrouve aussi Bazille à la Celle-Saint-Cloud ; il en sort son premier vrai tableau d’importance, Allée de Châtaigniers, peinture d’atelier.

  

Allée de châtaigniers, 1865, musée du Petit Palais


Ces années 60 sont une période productive et heureuse pour Sisley, vie de bohème et franche camaraderie, il partage son temps entre le travail à l’atelier, les réunions informelles au café Guerbois (cf.09). Il reçoit une aide financière de son père mais cela va bientôt s’arrêter, lorsqu’il rencontre Marie-Louise Lescouezec. La famille désapprouve cette liaison, son père le déshérite.

Renoir - William Sisley, 1864, Orsay

Renoir – Sisley et madame, 1868 Cologne, Wallraf-Richartz Museum