23 : Pont du Carrousel
Le pont des Saints-Pères
La construction du pont est décidée peu après la montée sur le trône de Louis-Philippe, à une époque où le type de pont en vogue est le pont suspendu. Celui-ci fera exception, le tablier en bois reposera sur des arches en fonte, le premier pont de ce type si l'on considère que le pont des Arts (cf.21) est une passerelle.
Il est achevé en 1834, ouvert en 1835, et donne côté rive gauche sur la rue des Saints-Pères, ce qui lui vaut le nom de "pont des Saints-Pères", et de l'autre côté sur la grande galerie de Louvre, qui n'est pas encore percée des guichets, ce qui lui vaut son autre nom de "pont du Louvre".
Au fond, les guichets du Louvre
Son esthétique ne plaît pas à tout le monde, en particulier ses cercles métalliques que certains comparent à des ronds de serviette.
Le pont était concédé à un certain M. Rangot pour droit de péage, M. Rangot qui passa son droit à un certain M. Borde, concession rachetée par la Ville en 1849 et le péage supprimé dans la foulée.
Le pont vu par Van Gogh
Un pont vite inadapté
Les ambitions de Napoléon III et d'Haussmann agrandissent et transforment profondément la ville sous le Second Empire, la circulation augmente en même temps que l'usage du chemin de fer. Situé entre la gare Montparnasse et la gare Saint-Lazare, le pont fait difficilement face à l’amplification du trafic avec sa largeur de 12m. Aussi, on songea à l’élargir mais la guerre 1870 fait capoter le projet.
En 1883, le pont est fermé à la circulation pendant six mois pour remplacer une partie des poutres et des traverses.
En 1904, nouvelle inquiétude, le pont vibre beaucoup, avec une période de vibration proche de la cadence des chevaux au trot, les piétons s’en inquiètent. On songe à sa reconstruction en 1906 mais, cette fois-ci, c'est la Première Guerre Mondiale qui retarde sine die.
La statue de la Ville de Paris et un pont surchargé
La crue de 1910 (qui n'est pas encore à son maximum)
Le pont du Carrousel
Trop étroit, trop instable, la fonte vieillie et de surcroît trop bas pour la navigation. Il est détruit en 1935 alors qu'on construit son remplaçant légèrement en aval afin qu'il soit dans l'axe des guichets du Louvre, percé sous la Second Empire pour permettre la traversés du Louvre plutôt que le contourner (et qui marqueront la limite de la rafle de juillet 1942…).
Le pont des Saints-Pères n’était pas face aux guichets du Louvre
Le nouveau pont conserve le profil de son prédécesseur avec trois arches mais la fonte est remplacée par le béton. Toutefois, le voisinage du Louvre, de l'Institut et des deux pont Neuf et Royal impose de cacher le béton par un parement de pierre.
Le pont du carrousel en construction, celui des Saints-Pères sera bientôt détruit
Carrousel parce que les guichets mènent à la place du même nom, devant le défunt palais des Tuileries et où eut lieu en 1662 une mémorable fête pour célébrer la naissance du Grand Dauphin, fête dont le point d’orgue était une grande démonstration militaire, un carrousel.
Un pont plus large, 33 mètres, même si la circulation s'était déplacée en aval vers le pont Royal (cf.24) et le pont de la Concorde (cf.26).
Les statues et les candélabres
Les statues aux quatre coins du pont datent de 1845 : rive gauche, la Ville de Paris en amont et la Seine en aval ; rive droite, l’Industrie en amont et l’Abondance en aval.
Statue de l’Industrie photographiée par Marville (1852)
Pour l'éclairage, le décorateur Raymond Subes a conçu un ingénieux système pour assurer un éclairage correct et respecter ce lieu historique : des candélabres télescopiques qui s'élèvent de 13 mètres à 22 mètres la nuit. Les candélabres étaient près dès 1939 mais les étapes finales de la construction du pont furent interrompues par la guerre (il ne sera terminé qu'en 1943) ; les candélabres furent cachés sous le tablier du pont pour éviter que l'occupant ne les réquisitionne pour le métal. Dans le style Art Déco, ils ne furent installés qu'en 1946 mais le mécanisme tomba en panne peu de temps après. Leur fonctionnement a été remis en état en 2000.
Le pont des Arts, le pont des Saints-Pères, le pont Royal et la pont de la Concorde
Crime raciste
Le 1er mai 1995, Brahim Bouarram, un Marocain de 29 ans, est jeté dans la Seine par une bande de skinheads sortie des rangs de la manifestation du traditionnel Front National.
La plaque commémorative fut placée en 2003 par le maire Bertrand Delanoë.
