50 - 28 juin 1944 – L’exécution de Philippe Henriot
50 - 28 juin 1944 – L’exécution de Philippe Henriot
50 - 28 juin 1944 – L’exécution de Philippe Henriot
50 - 28 juin 1944 – L’exécution de Philippe Henriot
14 - 23 mars 1941 : le Commissariat général aux questions juives
01 - Juillet 1940 – Les Allemands prennent le contrôle de Radio-Paris
50 - 28 juin 1944 – L’exécution de Philippe Henriot
50 - 28 juin 1944 – L’exécution de Philippe Henriot
50 - 28 juin 1944 – L’exécution de Philippe Henriot
50 - 28 juin 1944 – L’exécution de Philippe Henriot

50 - 28 juin 1944 – L’exécution de Philippe Henriot

            10,  rue de Solférino


Chapitres :

            Journal de Jean Guéhenno, 28 juin 1944

            Philippe Henriot

            L’ «homme à la voix d’or»

            L’exécution

            Répression


Journal de Jean Guéhenno, 28 juin 1944 

«Philippe Henriot assassiné. C’est une mort dont il n’était pas digne. Je l’écoutais hier soir dire son éditorial. Rendons-lui justice : Vichy, l’hypocrisie, la trahison avait en lui fini par trouver sa voix ; une voix solide, méprisante et un peu nasillarde. Il se justifiait hier, proclamait qu’il n’avait jamais dénoncé personne, au contraire, que s’il y avait du sang entre lui et ses adversaires, eux seuls l’avaient versé. Peur ou ressentiment. Je regrette ces grandes morts pour de si petits hommes. Mieux vaudrait les condamner à vivre avec un placard pendu au cou».

Journal de Jean Guéhenno, 30 juillet 1944 : «Tous les soirs, la propagande allemande ressuscite Henriot. Elle n’a pu trouver personne qui la serve aussi bien. Il était probablement irremplaçable. A 10h15 exactement tous les soirs, il faut qu’il bougonne d’au-delà de la mort un de ses anciens éditoriaux. […] Mais Je suis partout s’inquiète : Il paraît que les disques s’usent avec une effrayante rapidité».

Philippe Henriot

Né en 1889, il restera toute sa vie dans la tradition familiale, catholique, antimaçonnique, antisémite ; son père fut condisciple de Pétain sur les bancs de Saint-Cyr.

Professeur de lettres dans l’enseignement privé et entomologiste amateur, il se mue en propagandiste à partir de 1924 en devenant directeur d’un journal catholique de Bordeaux ; un an plus tard, il quitte l’enseignement pour se consacrer entièrement à l’action politique ; il peaufine ses talents d’orateur et de rédacteur d’articles.

L’antiparlementariste qu’il est se fait élire député de Bordeaux en 1932 et le restera jusqu’en 1940.

Membre d’un groupe antirépublicain avec Xavier Vallat (cf. 14) et le colonel de Lattre de Tassigny ; anti-allemand proche des Croix-de-Feu et des Jeunesses patriotes, Henriot devient pourtant partisan du rapprochement franco-allemand lorsque Hitler arrive au pouvoir. Il approuve les accords de Munich et s'affiche pacifiste jusqu’à l’entrée en guerre où ses articles prennent un ton martial. Il accepte cependant l’armistice et le député vote les pleins pouvoirs à Pétain le 10 juillet 1940.

Henriot adhère à la Milice en 1943

L’«homme à la voix d’or» 

C’est après la rupture du pacte germano-soviétique et l’invasion de l’URSS en juin 1941 que, de pétainiste, il devient collaborationniste pro-hitlérien.

Ses talents d’orateur l’entraînent sur la voie de la propagande radiodiffusée : du 7 février au 20 décembre 1943, il délivrera ses messages dénonçant les méfaits des terroristes, des Anglo-saxons et des Juifs chaque dimanche sur les ondes de la Radio nationale, puis deux fois par jour dans le Radio-journal de France sur Radio-Paris (cf. 01).

L’aura du «Goebbels français» est telle que ses éditoriaux radiophoniques sont diffusés en Allemagne ; Hitler souhaite le voir au gouvernement. Poussé par l’ambassadeur Abetz et malgré l’avis contraire de Pétain, Henriot est propulsé secrétaire d’Etat à l’Information et la Propagande le 6 janvier 1944. Son entrée, avec celle de Joseph Darnand au maintien de l’ordre et celle de Marcel Déat au Travail et à la solidarité nationale, entérine l’évolution de Vichy vers la collaboration la plus radicale.

Philippe Henriot s'adresse aux résistants mai 1944


L’exécution

La nuisance des éditoriaux de Henriot est telle que la Résistance unifiée donne l’ordre de son élimination au COMAC, le Comité d’action militaire dirigé par Charles Gonard, alias Morlot.

L’exécution est d’abord prévue dans le laboratoire d’entomologie du Museum d’histoire naturelle où il se rend régulièrement.

Le 27 juin 1944, Henriot reçoit une communication téléphonique sur sa ligne personnelle dont peu connaissent le numéro ; un interlocuteur inconnu.

Le lendemain matin à 5h30, trois voitures s’arrêtent devant le ministère de l’Information, rue de Solférino. Une quinzaine de personnes en descendent et se présentent à l’entrée en tant que miliciens ; ils pénètrent dans la cour et maîtrisent les trois gardiens de la paix.

Charles Gonard, accompagné d’un autre membre du COMAC, se dirige vers l’appartement de Henriot. Ils frappent à la porte et lui demandent d’ouvrir ; ils viennent l’avertir de la part de Darnand d’un risque de coup de main terroriste sur sa personne.

Henriot ouvre la porte, Gonard le prend par l’épaule et lui décharge son revolver dans le corps. Les deux résistants saluent militairement et font à madame Henriot, qui avait assisté à la scène, la déclaration suivante : «Ne craignez rien, Madame, nous sommes des officiers français chargés d’une mission. Nous l’avons accomplie et nous nous retirons». Ils rejoignent les voitures et disparaissent.

Charles Gonard, compagnon de la Libération


Répression

Philippe Henriot a droit à des obsèques nationales le 2 juillet 1944 ; le cardinal Suhard officie pendant la cérémonie à Notre-Dame.

La Propagande allemande couvre les murs de l’affiche : «Il disait la vérité. Ils l’ont tué»

Les obsèques de Philippe Henriot 


L’assassinat de Georges Mandel, le 7 juillet 1944, est sans doute un acte de représailles après l’exécution de Henriot. Juif, ancien ministre de l’Intérieur de Paul Reynaud en juin 1940, il est abattu de seize balles de pistolet-mitrailleur par la Milice dans la forêt de Fontainebleau. Tout comme l’assassinat par le milicien Paul Touvier de sept Juifs à Rilleux-le-Pape, le 29 juin.

Georges Mandel