150 – Les eaux de Montmartre
Le réservoir de la rue Norvins (1835)
Le grand réservoir de la rue Azaïs (1889)
L’usine élévatoire de la place Saint-Pierre (1889)
Le château d’eau de la rue du Mont-Cenis (1927)
Montmartre, petit village, s’est longtemps contenté des sources issues des modestes nappes phréatiques de la butte. Ces sources sont devenues insuffisantes avec l’augmentation de la population, en même temps que le creusement de nombreuses carrières les tarissait.
Malgré les investissements décrits ci-dessous, le village de Montmartre restera longtemps le parent pauvre de l’alimentation en eau ; c’est ici que survivront les derniers porteurs d’eau jusqu’au début du XXe siècle (cf. 110).
L’abreuvoir de Montmartre - Dessin d’Alexandre Decamps (gallica.bnf.fr)
Fontaine du Château d'eau de Montmartre (réservoir de Norvins)
(Wikipedia.org – Moonik)
9bis, rue Norvins & Place Jean-Baptiste Clément
Pour pallier l’appauvrissement des sources, un premier réservoir est construit en 1835 dans le style néo-Renaissance en vogue à l’époque. Il est alimenté par les eaux de la Seine via une pompe hydraulique à Saint-Ouen, relayée par une deuxième pompe à feu à mi-pente, passage Cottin près de la rue Ramey.
D'une capacité de 150 m3.
Un édifice Louis-Philippe soigné : porte de bronze, pilastres à lambrequins, niche sculptée en forme de coquille surmontée d’une plaque de marbre avec le livret de naissance de l’édifice.
Et, dans la niche, une remarquable urne de bronze qui fit office, jadis, de fontaine.
Trente ans plus tard, il est intégré dans le réseau imaginé par Eugène Belgrand et alimenté par les eaux de l’Ourcq et de la Dhuis (cf. 170). Il est bizarrement surélevé et sa capacité passe à 260 m3.
A partir de 1889, il est alimenté par l’usine élévatoire de la place Saint-Pierre (cf. plus bas).
Le réservoir de la rue Norvins avec sa surélévation (gallica.bnf.fr)
C’est ici que, pendant des décennies vont venir s’alimenter les porteurs d’eau.
(ici rue des Saules en 1900)
Malgré la surélévation, il ne peut pas suffire à l’augmentation de la demande. Il est désaffecté en 1927 lorsque le château d’eau de la rue du Mont-Cenis est mis en service.
Aujourd’hui, il a bien changé de vocation puisque le bâtiment abrite le siège de la Commanderie du Clos Montmartre, entièrement consacrée au vignoble de Montmartre et sa production.
Heureusement, la surélévation a, été supprimée depuis.
Les grands réservoirs de Montmartre.
Rue Azaïs, à proximité de la façade du Sacré-Cœur
Si la Commanderie du Clos Montmartre a remplacé le réservoir de la rue Norvins, ici c’est un réservoir d’eau qui remplace le pressoir à vin de l'ancienne Abbaye des Dames de Montmartre.
Les travaux commencent en 1887, un an après le démarrage de la basilique du Sacré-Cœur.
Adolphe Alphand, responsable des parcs et jardins sous le Second Empire, et alors directeur des travaux de la ville de Paris, est en charge du projet. Les maîtres d’ouvrage sont les ingénieurs Bechmann et Journet. Le réservoir est achevé en 1889.
Pour marier son allure extérieure à celle de la basilique, on le pare à la manière d’un fortin dans le même style néo-byzantin que la basilique. On prend soin d’utiliser le même calcaire blanc issu des carrières de Souppes et de Château-Landon (Seine & Marne).
Les fondations sont importantes, étant donné la nature sableuse du substrat.
Les tourelles d’angle abritent les escaliers d’accès aux réservoirs.
(d’après http://www.monmontmartre.com/2016/03/les-reservoirs-de-montmartre-de-1889-a-2016.html)
Le réservoir est constitué de deux parties distinctes : trois étages à l’est, deux à l’ouest. L’eau potable est stockée dans les trois compartiments supérieurs, l’eau non potable dans les deux autres.
L’idée astucieuse des deux ingénieurs est d’utiliser l’important poids de l’eau pour assurer la stabilité de l’édifice sur ce sol sablonneux ; sous réserve d’assurer une parfaite étanchéité du sol épais de 75 cm.
Accolée à la façade ouest, la maison du gardien. Les deux terrasses du réservoir étaient recouvertes de gazon jusqu’en 1998, date à laquelle elles ont été bétonnées pour une meilleure étanchéité.
Une surface de 2.300 m2 pour une capacité de 11.000 m3. L’eau est stockée à 136m d’altitude.
Plan des réservoirs d'eau de Montmartre en 1889 - Source : "L'Illustration" (Décembre 1889)
(D’après http://www.monmontmartre.com/2016/03/les-reservoirs-de-montmartre-de-1889-a-2016.html)
A l’origine, le réservoir de la rue Norvins desservait la partie haute de Montmartre et les grands réservoirs de la rue Azaïs, les quartiers bas. Depuis 1927, le château d’eau de la rue du Mont-Cenis irrigue la partie haute, avec une meilleure pression.
Le château d’eau de Paris qui ressemble à un château d’eau
Rue du Mont-Cenis, face à la rue Cortot
Il est construit en 1927, en remplacement du réservoir de la rue Norvins devenu trop petit (cf. plus haut).
L’ensemble est rehaussé de corniches à créneaux et d’arcades, dans un style néo-byzantin en harmonie avec la basilique.
Haut de 43 m, il culmine à 175 m d’altitude.
A l‘origine, l’édifice abritait dans sa partie supérieure seulement deux cuves d’eau potable, de près de 700 m3 au total. En 1938, une troisième cuve d’eau non potable de 200 m3, est ajoutée en étage inférieur.
L’eau potable est destinée aux immeubles et fontaines situées à plus de 100 m d’altitude.
L’usine de Saint-Pierre
9, place Saint-Pierre
La construction de l’usine est lancée en 1887, parallèlement à celle du grand réservoir de la rue Azaïs, proche de la basilique. La pression de l’eau est trop faible pour alimenter les quartiers situés au-delà de 93 m d’altitude ; l’usine de relevage de Saint-Pierre est donc conçue pour remédier au problème, qu’il s’agisse d’eau potable ou d’eau non potable. Le charbon est l’énergie d’origine
Les eaux sont pompées dans le réseau au niveau du boulevard Rochechouart, refoulées vers le grand réservoir de la rue Azaïs et vers le château d’eau de la rue du Mont-Cenis. Avant la construction de ce dernier en 1927, l’eau pour le Haut Montmartre était acheminée vers l’ancien réservoir de la rue Norvins.
En 2000, l’usine Saint-Pierre a été profondément rénovée.
Aujourdhui
Toutes les installations de pompage de la butte sont supervisées par le Centre de contrôle et de commande d’Eau de Paris et le poste de conduite local à l’usine Saint-Pierre.
Le bas Montmartre, alimenté par le réservoir de la rue Azaïs consomme environ 18.000 m3 d’eau par jour ; le haut Montmartre, alimenté par le château d’eau de la rue du Mont-Cenis, 2.000 m3.
La consommation d’eau non potable est de 10 000 m3 par jour sur l’ensemble de la Butte.
L’eau potable distribuée via l’usine élévatoire provient majoritairement de la région de Verneuil-sur-Avre et de Dreux – les eaux de l’Avre - via l’usine et les réservoirs de Saint-Cloud.
Sources :
http://www.eaudeparis.fr/uploads/tx_edpevents/brochureReservoirMontmartreBD.pdf
https://fr.wikipedia.org/wiki/Fontaine_du_Château_d%27eau_de_Montmartre
http://www.monmontmartre.com/2016/03/les-reservoirs-de-montmartre-de-1889-a-2016.html