5 – Les quatre aqueducs d’Arcueil
(Gallo-romain, Médicis, Belgrand et XXe siècle)
1 : Le pont-aqueduc gallo-romain (IIème siècle)
Capitale régionale, Lutèce a débordé son site naturel de l’île de la Cité pour coloniser les hauteurs de la Montagne Sainte-Geneviève.
Pour assurer l’approvisionnement en eau de ces quartiers, les Gallo-Romains vont suivre le précepte de Vitruve (l’architecture est une imitation de la nature cf. 1), tirer parti de la géographie - Lutèce est au fond d’une cuvette - et utiliser la gravité pour assurer le transport de l’eau (une idée que reprendra l’ingénieur Belgrand des siècles plus tard).
Des sources sont captées sur le plateau de Rungis, les eaux sont amenées dans un bassin au nord-ouest de Wissous d’où part un aqueduc de 16 kms de long, collectant au passage quelques sources supplémentaires.
Après avoir traversé les communes de Fresnes, L'Haÿ-les-Roses, Cachan, Arcueil et Gentilly, l’aqueduc arrive sur le territoire du Paris actuel et traverse le parc Montsouris. C’est en suivant le cardo, la rue Saint-Jacques, qu’il pénètre dans Lutèce pour alimenter des fontaines, les thermes et des palais.
Les constructeurs vont se heurter à un problème de taille : traverser la vallée de la Bièvre à la hauteur de l’actuelle commune d’Arcueil.
Ils édifient un pont aqueduc à arcades d’une longueur de 300 m et haut de 18 m.
De ce pont, il ne reste qu’une arche écroulée et quelques piles encastrées.
Les invasions barbares à partir du IVe siècle mettent fin à son utilisation.
La demeure Renaissance accolée à l’aqueduc est un vestige du château du Fief-des-Arcs.
La ville d’Arcueil tire son nom du pont aqueduc gallo-romain.
Reconstitution de l’aqueduc romain datant du XIXème siècle (B.N.F.)
2 : L’aqueduc Médicis (1613-1624)
En 1613, la régente Marie de Médicis reprend à son compte les projets de Sully et Henri IV pour l’alimentation en eau de la rive gauche de la capitale, projets directement inspirés des aménagements gallo-romains, et abandonnés après l’assassinat du roi Henri IV.
Marie est d’autant plus intéressée qu’elle vient d’acquérir le château et le domaine dits « du Luxembourg » pour y édifier son palais.
L’aqueduc Médicis, long de 13 km, est proche de son prédécesseur et traverse la vallée de la Bièvre au même endroit.
L’ouvrage en pierre de taille a une silhouette et des dimensions proches de celles de l’antique pont aqueduc. Long de 379 mètres, d'une hauteur maximale de 18,86 mètres, il se divise en 3 parties : 2 tronçons en maçonnerie pleine encadrent la partie centrale constituée de 18 travées, dont 9 sont ouvertes d'une arcade en plein cintre et renforcées par 17 contreforts.
Au XVIIIe siècle, l’aqueduc n’est plus entretenu, des maisons viennent s’incruster dans les arches.
La galerie : encadrée par deux regards, un plafond en briquettes d'argile, des fenêtres pour augmenter l'aération de l'eau, avec des volets coulissants en bois, fermés par grand froid pour éviter le gel.
On a compté 90 marques de 90 tailleurs de pierre différents sur les parois de la galerie.
L’eau ne circule plus dans la cunette mais dans une conduite de plomb.
L’aqueduc est encore actif ; actuellement, il alimente le lac du parc Montsouris.
L’aqueduc en 1847 (C.Ransonnette) et en 1810 (Cécile Marchand) – Gallica.bnf.fr
3 : L'aqueduc de la Vanne (cf. 200)
Une partie seulement de l’aqueduc de Belgrand
250 ans plus tard, les grands projets de Napoléon III et du préfet Haussmann pour Paris sont à l’origine du niveau supérieur de l’aqueduc. Pour satisfaire les nouveaux besoins en eau de la capitale, l’ingénieur Belgrand conçoit, entre autres, un ensemble de captages autour de la Vanne, affluent de l’Yonne, sources situées à une altitude nettement plus élevée que celles du plateau de Rungis.
En 1868, Belgrand peut s’appuyer sur le robuste aqueduc Médicis pour construire le sien, haut de 38 m, long de plus de un kilomètre doté de 77 arches.
L'aqueduc de la Vanne aboutit au réservoir de Montsouris
(photo A.J. Collard – 1869 – gallica.bnf.fr).
Eugène Atget (1925-1927) – Gallica.bnf.fr
4 : l’aqueduc du Loing et du Lunain
En 1897, le schéma de Belgrand s’étoffe. Des champs captants sont construits le long du Loing et du Lunain, complétés par les captages des sources de la Voulzie, du Durteint et du Dragon autour de Provins, en 1924. Ces aqueducs rejoignent celui de la Vanne en forêt de Fontainebleau. Mais, contrairement à l’aqueduc romain, à l’aqueduc Medicis et à l’aqueduc de la Vanne, c’est par un siphon que ces derniers traversent la vallée de la Bièvre, pour rejoindre également le réservoir de Montsouris.
Chantier de pose du siphon de Nemours
Vestiges de l'aqueduc romain