Pont de Tolbiac

36 : Le Pont du Garigliano

Le viaduc d’Auteuil (le pont du « Point du jour »)

Ce nom poétique viendrait d’un duel qui eut lieu aux premières lueurs de l’aube entre le comte de Coigny et un petit-fils de Louis XIV et de la Montespan, qui le tua. Il semble que ce quartier à la pointe est de Billancourt portait déjà ce nom auparavant.

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Le pont du Point du jour, ou viaduc d’Auteuil, a été construit pour permettre la traversée de la Seine à la ligne de chemin de fer de Petite Ceinture et relier ainsi la gare du Point-du-Jour, rive droite, à la gare de Grenelle-Ceinture, une ligne en surplomb des boulevards des Maréchaux. Les trains passaient par le viaduc à arcades de l’étage supérieur, prolongement à l’identique du viaduc dominant les boulevards,  tandis que les piétons, voitures, chariots et animaux empruntaient les voies basses.

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Les gares du Point-du-Jour et de Grenelle-Ceinture


Le viaduc est achevé en 1865, inauguré en 1867.

Sous le feu des canons prussiens installés sur les hauteurs de Saint-Cloud et de Bougival, le viaduc fut fortement endommagé pendant le siège de Paris de l’hiver 1870-1871.

Les dégâts causés par les bombardements de 1870-1871

Ses ennuis ne s’arrêtent pas là, il est le seul pont parisien touché par un bombardement pendant la Deuxième Guerre mondiale ; le 15 septembre 1943, un important bombardement anglo-saxon vise les usines Renault de Billancourt, une bombe s’égare. Bien qu’endommagé, le pont n’a pas été détruit.


Autre particularité, qu’il partage cependant avec un autre pont, Tolbiac (cf.03) : avoir été lieu de déversement des déchets dans le fleuve pendant la crue de 1910.

Coïncidence ? un barrage flottant, piège à déchets, est installé sur le pilier ouest, un des 26 barrages répartis le long de la Seine et de ses affluents : 11 en amont de la capitale (dont 4 sur la Marne), 3 sous les ponts de Paris, et 12 en aval de la capitale.


L’automobile impose un nouveau pont

Victime du métropolitain et des tramways électriques, le trafic voyageur sur la Petite Ceinture est interrompu en 1934, les trains de marchandises circulant, eux, jusque dans les années 1950. A cette époque, l’augmentation du trafic automobile est telle qu’il faut envisager un nouveau pont, d’autant plus que les piles nombreuses et les arches trop basses entravent la navigation. La décision de le détruire est prise en 1958, un nouveau pont est construit à partir de 1963, ouvert en 1966.

Son nom rend hommage à la bataille du Garigliano.


La bataille du Garigliano

Janvier 1944, campagne d’Italie, les Alliés sont bloqués dans leur avancée sur Rome par la ligne Gustave dont la pièce défensive principale est le monastère de Monte Cassino, à 100 km de Rome. Les troupes d’élite allemandes semblent impossible à déloger.

En mai, une offensive est bâtie sur les plans du général Juin qui veut éviter une nouvelle attaque frontale contre Monte Cassino, mais le contourner et le déborder par la montagne.

La VIIIe armée britannique, la Ve armée américaine, un corps polonais et un corps canadien participent à l’offensive. L'opération de rupture de la Ligne Gustave est confiée à la 2e division d'infanterie marocaine (2e DIM).

L'opération diadème est déclenchée le 11 mai 1944, à 23 heures, sur l'ensemble du front italien ; l’intense préparation d'artillerie ne détruit pas le dispositif de défense allemand qui sillonne les pentes que doivent gravir les tirailleurs marocains. La première attaque la 2e DIM se solde par un échec et des combats très meurtriers. Juin décide la reprise de l'offensive pour la nuit suivante, après une préparation d'artillerie mieux ciblée. Tôt dans la matinée du 13 mai, les positions allemandes cèdent, ravagées par le « rouleau de feu » des canons français, la ligne Gustave est percée.

Une attaque aérienne détruit le quartier général de la Xe armée allemande, le 17 mai 1944, Kesselring ordonne à ses troupes d’abandonner la ville de Cassino alors que les Britanniques et Polonais parviennent à s’emparer du mont Cassin.

L’opération diadème a coûté en trois semaines 43 000 hommes tués, blessés et disparus aux Alliés. Parmi elles, 2 100 tués au Corps expéditionnaire français et 9 000 blessés.

Mohamed Oufkir, général marocain qui devint le redoutable ministre de l’Intérieur du roi Hassan II, les futurs présidents algériens Ahmed Ben Bella et Mohamed Boudiaf, Alain Mimoun, le cinéaste Frédéric Rossif ont participé à la bataille, le philosophe français Stéphane Piobetta y a laissé la vie.

Rappelons que la victoire de Monte Cassino fut ternie par les exactions de membres des troupes marocaines sur la population civile, évoquées dans le roman d’Alberto Moravia, la Ciociara, porté à l’écran par Vittorio de Sica.


Le pont du Garigliano

Porté par seulement deux piles, proches des rives, enjambe les voies sur berge des deux rives avant de se raccorder à la terre ferme.

Deux plaques commémorent le souvenir de la bataille, dont une reproduit la citation du général Juin le jour de la première attaque.


Frank Gehry installa sur le pont de 2006 à 2012 Le Téléphone, cabine en forme de fleur n'ayant pas d'autre fonction que de recevoir des appels de Sophie Calle, l'artiste qui l'a imaginée pour accompagner la mise en service du tramway des Maréchaux.

Le suicide de Boris Fraenkel

Boris Fraenkel s’est fait connaître en dévoilant le passé trotskiste de Lionel Jospin en 2001, en pleine campagne présidentielle.

Il est né en 1921 à Dantzig, à l’époque ville libre, ce qui lui a permis de conserver longtemps un statut d'apatride.

Il fut et resta militant d’extrême gauche, teinté de sionisme. Arrivé en France en 1938, il manque d'être raflé par la Gestapo pendant l’Occupation, s’enfuit en Suisse où il adhère pour la première fois à un parti trotskiste. De retour en France, il est un des fondateurs de l’OCI (Organisation communiste internationaliste) en 1958 lors d’une énième scission.

Très actif en mai 68, la police essaie de l'expulser vers la  RFA, qui le refuse et lui dénie la nationalité allemande, au motif qu'il est né dans un État disparu.

C’est au cours de ces années qu’il a croisé le chemin d’Alain Krivine, ou  Lionel Jospin.

Il se suicide le 23 avril 2006 en se jetant dans la Seine du pont du Garigliano. Son corps a été retrouvé deux jours plus tard au niveau du 8e arrondissement de Paris.

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