32 : Pont de Bir-Hakeim
La Bataille de Bir Hakeim
Un point d'eau désaffecté au milieu du désert de Libye, au sud de Tobrouk, simple croisement de pistes dans un désert caillouteux. Bir Hakeim est vu de partout.
C’est là que la 1re brigade libre du général Koenig (future 1re division française libre), s’est retranchée : 3 700 hommes, dont les deux tiers sont issus des colonies et territoires outre-mer, et un bataillon de la Légion étrangère avec 300 républicains espagnols, maîtrisant les techniques de guérilla. Un armement hétéroclite, dont une soixantaine de chenillettes et 54 canons de 75.
Leur mission : retarder l’avancée des 90 000 hommes et 575 panzers du général Rommel, l’Afrikakorps, et les divisions motorisées italiennes. Depuis la capture de Tobrouk, le « renard du désert » est à la poursuite de la 8e armée anglaise en retraite, avec pour objectif la prise du canal de Suez.
Pendant seize jours, du 27 mai au 11 juin 1942, la brigade française va résister aux assauts allemands et italiens et aux 1 400 sorties de la Luftwaffe au dessus du réduit.
Dans la nuit du 11 au 12 juin, ordre leur est donné d’évacuer, par un étroit couloir déminé de 200 mètres. Organisée par petits groupes, la sortie est un succès complet et Rommel, après un dernier assaut, ne découvre que des cadavres et quelques blessés n'ayant pas réussi à fuir.
Le répit ainsi gagné par les Français libres permet aux Britanniques de se replier en ordre, puis de remporter une victoire stratégique lors de la bataille d'El Alamein en juillet 1942.
Bir Hakeim est la première contribution militaire importante des Forces françaises libres. Elle est pour beaucoup dans la reconnaissance politique par les Alliés du Comité national de la France combattante.
Même L'Illustration, revue ultra-collaborationniste, dans son n° du 20 juin 1942, salue le courage des « Français dissidents ».
Le viaduc de Passy
C’est auparavant la « passerelle de Passy », ouvrage métallique construit à l’occasion de la troisième exposition universelle se tenant à Paris, en 1878.
En 1903, la passerelle est remplacée par la viaduc de Passy dont la fonction est double : assurer la circulation charretière (et automobile) ainsi que la traversée de la Seine par la ligne 6 du métropolitain. Il est achevé en 1906.
C’est en fait deux ponts métalliques joints par une sorte d’arc de triomphe en pierre bâti à l’extrémité de l’île aux Cygnes. Il est astucieusement conçu pour permettre la circulation piétonne et cycliste sous le viaduc ferroviaire, supporté par une arcade à la ligne « végétale » Modern’Style (Art nouveau).
Jean-Camille Formigé, architecte de la Ville, a présidé à la décoration du viaduc, ainsi qu’à celle du viaduc d’Austerlitz (cf.07), il a aussi à son actif le crématorium du Père-Lachaise et les serres d’Auteuil.
Sur les piles, en amont, en aval et de part et d’autre de l’île, étroitement imbriqués dans la charpente, des nautes attachent les armes de Paris et des forgerons-riveteurs fixent le blason « RF ».
Sur l’arc de triomphe, les allégories de la Science et Le Travail en amont, de l'Électricité et du Commerce en aval.
Dernier élément artistique du viaduc : la France Renaissante, statue équestre due au sculpteur danois Holger Wederkinch et offerte à la Ville par sa communauté danoise en 1930, une vision de Jeanne d’Arc par l’artiste, « animée d'un intense mouvement » ou pose « exagérée », c’est selon.
18 juin 1949, le pont prend le nom de Bir-Hakeim
Le conseil municipal de Paris, dirigé par Pierre de Gaulle, organise une grande manifestation commémorative pour inaugurer le pont de Bir-Hakeim et l'avenue du Général-Leclerc, au cours duquel le général de Gaulle, frère de Pierre, prononce un discours. Cérémonie en présence du général Kœnig et du général de Larminat, autre ancien de Bir-Hakeim.
L’assistance pendant le discours du général de Larminat, an centre, le général Koenig
Neuf ans plus tard, en 1958, la statue de Wederkinch est installée sur la placette centrale et devient la France Renaissante, celle qui reprit des couleurs en Libye, tout comme celle de 1429.
Le cinéma et le pont
Parmi les nombreux tournages qui eurent le pont pour décor, citons Ascenseur pour l’échafaud (Louis Malle, 1957), Zazie dans le Métro (Louis Malle, 1960), la séquence d’introduction du Dernier Tango à Paris (Bernardo Bertolucci, 1972) et Peur sur la Ville (Henri Verneuil, 1975), la cascade de Jean-Paul Belmondo sur le toit du métro (la promenade piétonne sous le métro porte son nom depuis 2003).
La Mercedes dans Ascenseur pour l’Echafaud
Marlon Brando et Maria Schneider dans la séquence d’introduction du Dernier Tango à Paris
Belmondo dans Peur sur la Ville
Diaporama
Vidéo : crue de 1910 - Le Dernier Tango à Paris