55 – La rue des Eaux


75 - Les eaux minérales d’Auteuil

L'ex parc Delessert


Sans conteste les plus fameuses du Seizième arrondissement.

La première source est découverte vers 1650 lors du percement de l’actuelle rue des Eaux dans le village de Passy. En 1657, Pierre Cressé, dans sa thèse de doctorat, arrive à la conclusion que cette source a des vertus médicinales (cf. 55). En 1667, M. Duclos, de l’Académie des Sciences, confirme : c’est une eau bonne pour les intempéries chaudes des viscères, et recommandée comme remède à la stérilité des femmes. Étant gratuite, elle ne connaît pas un grand succès.

En 1720, l’abbé Le Ragois, ex aumônier de la marquise de Maintenon, découvre plusieurs sources dans son parc. Après analyse, il est constaté que ces eaux « contiennent du fer, un peu de sel catartique & de la terre absorbante. »

Un traité de 1775 confirme, en termes proches, les premières constatations de 1657 : « Les Eaux de Passy lèvent les obstructions, guérissent les hémorragies qui en dépendent, de même que celles qui proviennent du relâchement des vaisseaux. Ces Eaux sont propres aux inappétences, aux dégoûts : elles remédient à la lenteur des digestions, aux appétits absurdes & irréguliers, aux pâles couleurs »

L’abbé Le Ragois a des talents d’hommes d’affaires ; après avoir fait l’acquisition du terrain de son voisin, qui avait réussi à dériver l’eau chez lui et qui perdit le procès qui en « découla », il crée un grand établissement de plaisir avec théâtre, salle de bal, jardins, et un restaurant où les médecins sont servis gratuitement. Cette campagne proche de Paris où nombre de personnalités ont un pied à terre lui permet d’avoir une clientèle renommée, tels Benjamin Franklin, d’Alembert ou Rousseau, qui écrira ici le Devin du Village.

Maison où JJ Rousseau composa le Devin du Village 20, quai de Passy


L’établissement ne désemplit pas au cours des décennies suivantes, en particulier lorsqu’il est aux mains de la famille Delessert.

En 1801, Benjamin Delessert, d’une famille protestante qui avait fui en Suisse, fait l’acquisition du vaste domaine, crée la première raffinerie de sucre de betterave et remet en activité une filature de coton.

Il fait construire, en 1822, la première passerelle suspendue en France, longue de 52 mètres, pour pouvoir aller de ses appartements à ses bureaux. En 1824, il ajoute un chalet suisse devant lequel paissent des vaches, souvenir de ses origines.

Il est, par ailleurs, homme politique, botaniste reconnu et créateur de la Caisse d’Épargne.

Son frère, Gabriel, est maire de Passy de 1830 à 1834 puis préfet de police de Paris de 1836 à 1848.

La famille réaménage les établissements thermaux en 1878.

La petite nièce de Benjamin, Madeleine, épouse Frédéric Bartholdi, frère du sculpteur. À la fin du XIXe siècle, la baronne Bartholdi, héritière, décide généreusement de ne plus faire payer cette eau si précieuse pour les curistes. Dès lors, les sources perdent leurs valeurs curatives, en même temps qu’elles commencent à se tarir. Elles sont rapidement abandonnées.

En 1920, après la démolition de l’établissement thermal, des immeubles sont construits sur le quai et le long de la rue Raynouard. Le parc subsiste mais accueille en 1950 des préfabriqués pour le ministère de la Reconstruction, futur ministère de l'Équipement.

Les immeubles et le parc public entre l’allée Marcel Proust et le quai datent du début des années 2000. 

Seul, subsiste des établissements thermaux, cet escalier.

Les Thermes de Passy vers 1820 (gallica.bnf.fr)

Le Parc vers 1914 photographié par Atget,

dont le chalet suisse édifié en 1828 par Benjamin Delessert (gallica.bnf.fr)


http://www.histoire-auteuil-passy.org/histoire-du-xvie/petites-histoires-du-16e-arrondissement/les-eaux-dauteuil-de-chaillot-et-de-passy

https://www.persee.fr/doc/pharm_0035-2349_1953_num_41_136_10275_t1_0016_0000_1

Jacques Hillairet : Dictionnaire historique des rues de Paris (Ed. de Minuit)

Voir également les sources d’Auteuil (cf.75)

60 - Les Eaux de Passy

Près du 49, avenue du président Kennedy

14, avenue Marcel Proust

25, rue Raynouard

L'escalier, seul vestige des Eaux de Passy (Allée Marcel Proust)