Les Eaux de Belleville et du Pré-Saint-Gervais (cf. 15 et 17)

Deux communautés religieuses, propriétaires de terrains sur ces collines, s’intéressèrent à l’utilisation de ces eaux pour les besoins de leurs établissements : le prieuré de Saint-Martin-des-Champs et les moines de la léproserie de l’enclos Saint-Lazare.

Au cours du XIIe siècle, ils construisirent un ensemble de drains, rigoles et canalisations répartis de la façon suivante : les eaux de Belleville pour Saint-Martin et celles du Pré-Saint-Gervais pour Saint-Lazare.

Lorsque Philippe-Auguste arrive au pouvoir, il veut faire de Paris la plus grande ville d’Europe ; il faut doter cette cité de ressources en eau dignes d’elle. Les aqueducs dits du Nord sont réaménagés et une partie de l’eau captée alimente désormais les trois premières fontaines publiques de Paris : la fontaine Maubuée, la fontaine des Innocents et la fontaine des Halles.

En 1364, le réseau passe entièrement sous l'autorité de la ville.

A la lecture du plan de Turgot (1734-1739), on peut situer la fontaine au croisement de la rue Pierre Lescot et de la rue des Prêcheurs. L’autre édifice de la place étant le pilori.

Sur cette image du Pilori des Halles (Claude Bernier – Gallica.bnf.fr), la fontaine des Halles est visible sur la droite.

Le Pilori et le puits de Lori

Le pilori se situait à l’angle de la rue Rambuteau et de la rue Pirouette. La peine d’exposition au pilori ou à l’échelle était réservée aux escroqueries (commerçants usant de faux poids, banqueroutiers), aux blasphémateurs, aux faux-témoins, aux proxénètes et aux entremetteuses, ces dernières étant souvent amenées à rebours sur un âne. Le blasphémateur était exposé « au pilori depuis l’heure de prime jusqu’à celle de nones. Et lui pourra-t-on jeter aux yeux boue ou autre ordure, sans pierres ni autres choses qui blessent et, après ce, demeurera au pain sec et à l’eau. A la seconde fois, nous voulons qu’il soit mis au pilori un jour de marché solennel et qu’on lui fende la lèvre supérieure et que les dents apparaissent ; à la troisième fois la lèvre inférieure ; à la quatrième toute la basse lèvre ; à la cinquième on lui coup la langue ». [ordonnance de Philippe VI].

Le rez-de-chaussée était habitable ; une roue de fer était installée à l’étage pour 6 condamnés.

De demi-heure en demi-heure, la roue tournait de 90°. Le bourreau pouvait habiter le rez-de-chaussée et installer des échoppes sur son pourtour qu’il louait. Il avait droit de havage (droit de prendre une poignée de n’importe quelle denrée vendue aux Halles) et au XVe siècle, il eut droit aux têtes des cochons qui divaguaient dans les rues de Paris.

Le pilori fut remplacé par le carcan sous la Révolution puis par une simple exposition publique.

Liaison inattendue entre le pilori et l’histoire de l’alimentation en eau de Paris. Ce nom serait une altération de puits de Lori.

Emplacement (approximatif ) fontaine des Halles (Jmdigne - wikimedia commons)

24 : La Fontaine des Halles