34 : Pont de Grenelle (1825-1827)

Dorénavant pont de Grenelle-Cadets-de-Saumur, depuis 2016. Pour les Parisiens, il reste le pont de Grenelle, le troisième du nom.


Le village de Beaugrenelle

La construction du pont est liée à la naissance du village de Beaugrenelle sur les garennes incultes et quasiment inhabitées de Grenelle : début XIXe siècle, l'entrepreneur Jean-Léonard Violet lotit une partie de la plaine avec un réseau de rues à angle droit, un lotissement d’ampleur exceptionnelle pour l’époque.

L’église Saint-Jean-Baptiste sort de terre en 1825, le port de Grenelle aménagé ainsi qu’une gare fluviale, protégé par une digue, l’île aux Cygnes; le village aura même son théâtre en 1829. Une belle opération d’urbanisation, à ce point que le lotissement se détache de Vaugirard en 1830 et devient la commune de Grenelle.

Violet et ses associés organisa une grande fête attirant 60 000 personnes pour l’incitation à l’achat.

Le succès est cependant immédiat, avant que des usines viennent changer la donne.


Le pont de 1827

Une communication avec la rive droite était indispensable au succès total du projet de Violet.

L’île aux Cygnes est consolidée par une maçonnerie car le pont s’appuie dessus, un pont de six arches en charpente de 25 mètres d’ouverture s’appuyant sur des piles et des culées en maçonnerie. Long de 192 mètres, il est séparé en deux parties par un terre-plein aménagé sur l'île aux Cygnes. 

Il est ouvert aux piétons et aux voitures le 1er mai 1827, avec un droit de péage variant de 5 centimes de francs pour un piéton à 25 centimes pour un carrosse à deux chevaux et divers tarifs pour les animaux de ferme. Bien que la concession soit rachetée par ville en 1865, le péage est maintenu jusqu'en 1874.

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Dernier pont de Paris en aval, éloigné du pont d’Iéna, il connaît une fréquentation qui va le fragiliser et nécessité un entretien fréquent.

Juillet 1873, la visite officielle du chah de Perse entraîne la fermeture des voies de circulation autour du Trocadéro, détournant le trafic en amont et en aval de la Seine ; l’augmentation brusque du trafic entraîne l’affaissement de plusieurs arches du pont. S’il ne s’effondre heureusement pas, il est dorénavant condamné.


Le pont de 1874

Son remplaçant est construit sans que la circulation soit totalement interrompue, une construction rapide, les ingénieurs ayant choisi de s’appuyer sur les piles et culées existantes après les avoir renforcées. Un pont à six arches de fonte.

On peut voir ce pont dans trois films : Monsieur Verdoux de Charlie Chaplin (1947), L'Homme de la tour Eiffel, une curieuse adaptation anglo-saxonne d’un Maigret (1949), et dans Pierrot le Fou, de Jean-Luc Godard (1965).

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Le pont vu de Beaugrenelle et du port de Grenelle



Le pont actuel

A l’image des autres ponts en fonte, ses arches vieillissent, se fissurent, ses piles font obstacle à la navigation ; on envisage son remplacement dès l’entre deux guerres mais c’est l’intensification du trafic automobile dans les années soixante qui le rend définitivement caduque, d'autant que sa culée, rive droite est un obstacle à la future  voie express (voie Georges Pompidou).

Un ingénieur, Mallet, pour le premier pont, deux, Vaudrey et Pesson pour le deuxième, il y en aura trois, Thenault, Grattesat et Pilon, pour le troisième, construit de 1966 à 1968.

Deux travées métalliques de 85 mètres franchissent les deux bras de la Seine auxquelles s’ajoutent une travée de 35 mètres au dessus de l’île et deux travées en béton de 15 mètres au dessus des quais.

Une architecture sobre bien de son époque et en harmonie avec les immeubles du Front de Seine d’un côté et la Maison de la Radio de l’autre.


La statue de la Liberté

L’imposante statue conçue par Bartholdi arriva dans le port de New York en juin 1885 mais dut attendre plusieurs mois la construction de son socle (pour des problèmes budgétaires aux Etats-Unis), son inauguration n’eut lieu que le 28 octobre 1886. Si bien que sa petite sœur parisienne fut inaugurée six mois avant. En vérité, ce ne fut que l’inauguration de la version en plâtre et qui eut lieu place des Etats-Unis, et non sur l’île aux Cygnes.

L’initiative de cette réplique de 11,50m, soit le quart de l’originale, revient à une association d’Américains vivant à Paris, en remerciement du don aux Etats-Unis de l’œuvre de Bartholdi, une souscription lancée dès 1884.

L’inauguration de la statue définitive en bronze de l’île aux Cygnes eut lieu le 14 juillet 1889, présidée par le président Sadi Carnot, la tablette que porte la statue porte d’ailleurs deux dates, IV juillet 1776 (indépendance des Etats-Unis) et XIV juillet 1789.

Une installation qui provoqua une polémique. On orienta en effet la statue vers l’amont du fleuve, autrement dit vers les sites de l’exposition universelle ouverte depuis avril et de son édifice emblématique, la Tour Eiffel. Au mécontentement de beaucoup, dont Bartholdi, qui la voulaient orientée vers l’ouest. Elle ne changea d’orientation qu’à l’occasion de l’exposition de 1937.

Sa position en figure de proue humanise le pont de Grenelle, un peu austère, mais dont la couleur est en harmonie avec la statue.

Pour en savoir plus :

Le pont de Grenelle, le new yorkais | Paris, d'un pont à l'autre (blogpontsdeparis.blogspot.com)

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