7 : Le Défilé – Edgar Degas (1866-1868)
Hippodrome de Longchamp
Eclaireur, c’est le nom du cheval qui gagne la première course lors de l’inauguration de l’hippodrome de Longchamp le dimanche 27 avril 1857 en présence de Napoléon III et de l'impératrice Eugénie.
Neuf ans plus tard, l’hippodrome sert de cadre au Défilé, tableau d’Edgar Degas.
Edgar de Gas, né le 19 juillet 1834 à Paris, est le fils d’un commerçant ayant développé ses activités à la Nouvelle-Orléans ; sa mère meurt à 34 ans alors qu’il en a dix-sept, une mort qui lui laisse toute sa vie l’impression d’une perte irréparable. C’est quand il est inscrit à la faculté de Droit qu’il décide de devenir peintre.
Degas et les chevaux
Comme tout membre d’une famille bourgeoise, Degas fréquente les hippodromes, lieux très à la mode sous le Second Empire. Fasciné par les mouvements des pur-sang, il profite de sa proximité avec le collectionneur Paul Valpinçon, par ailleurs propriétaire d’écuries au Ménil-Hubert près des Haras du Pin. Il observe minutieusement les postures des chevaux et de leurs jockeys lors des entraînements, multiplie les croquis, détaille les séquences du mouvement.
« Degas trouvait dans le cheval de course un thème rare, qui satisfaisait aux conditions que sa nature et son époque imposaient à ses choix. Où trouver quelque chose de pur dans la réalité moderne ? Or le réalisme et le style, l’élégance et la rigueur, s’accordaient dans l’être excessivement pur de la bête de race».
Il subit par ailleurs l’influence des peintres anglais spécialisés dans les courses hippiques et celle d’un aîné, autre grand amoureux des chevaux, Géricault qui, lui aussi, transpose le thème récurrent du cavalier dans un cadre contemporain.
Géricault, Derby à Epsom, 1821, musée du Louvre
Le Défilé, 1866-1868, Musée d'Orsay
Dans Le Défilé, également intitulé "Chevaux de courses devant les tribunes", Degas préfère représenter les instants pourtant moins spectaculaires précédant la course plutôt que la course elle-même ; l’imminence du départ est perceptible dans le mouvement nerveux du cheval le plus éloigné.
Les motifs du tableau en diagonale, les forts contrastes de lumière, notamment les ombres portées des chevaux, soulignent encore la perspective jusqu'au point de fuite situé sensiblement au centre qui met en valeur le dernier jockey.
Dès lors, le thème de la course de chevaux sera récurrent dans l'œuvre de Degas et il gardera cette prédilection pour les instants qui précèdent la course.
Chevaux de course à Longchamp, 1873-1874 - Museum of Fine arts, Boston
Aux courses en Province, 1869, Musée des Beaux-arts, Boston
Aux courses, 1877, Musée d’Orsay
Manet est aussi tenté par Longchamp
Degas et Manet sont amis ; ils se sont rencontrés au Louvre où Manet est frappé par l’audace d’un jeune homme occupé à copier un tableau de Vélasquez.
Deux tempéraments opposés, Manet se plait à charmer alors que Degas est plus distant, indifférent d'être ignoré. Degas trouve ridicule la quête des récompenses officielles de son ami ; sa critique d’autrui est impitoyable. Une amitié souvent ébranlée par la rivalité.
Dans son tableau, Course à Longchamp, exécuté à la même époque, Manet est moins intéressé par l’étude du mouvement que par l’ambiance générale.
Course à Longchamp, 1866, Art Institue of Chicago
Notons que la course du cheval est un mouvement si rapide que l’œil est incapble d’en saisir l’instantanéité et de voir le déroulé exact du galop. Sa décomposition ne sera dévoilée qu’à la fin du XIXe siècle avec la mise au point de la photographie animée.
Sources :
Wikipedia
Le Défilé - Edgar Degas | Musée d'Orsay (musee-orsay.fr)
J.J. Lévêque – Manet, ed. Siloé