140 - Parenthèse pittoresque : les Fontaines Wallace
Fontaine Wallace place Emmanuel Levinas 5ème
Sir Richard Wallace (Londres 1818, Neuilly-sur-Seine 1890)
Fils naturel d'une mère issue d'une famille noble mais ruinée. Le père biologique, Richard Seymour-Conway, marquis de Hertford, alors âgé de 18 ans, ne le reconnut jamais mais prit soin de lui tout au long de sa vie.
Proche de Flaubert, Delacroix ou Baudelaire, il loge à Bagatelle, demeure de son « père ».
Amoureux de Paris qu’il ne quittera pas pendant le siège de 1870. La reine Victoria le fera baronnet en reconnaissance de ses actions caritatives lors du siège de Paris ; Thiers le fera commandeur de la Légion d’honneur.
A la mort du marquis d’Hertford, Wallace hérite (entre autres) de sa collection qu’il enrichit de façon conséquente. La Wallace Collection est depuis un musée national.
Wallace est également philanthrope : on lui doit l'Hertford British Hospital à Levallois-Perret, entre autres.
En Grande-Bretagne, il est élu à la Chambre des communes de 1873 à 1885.
En août 1872, sont installées à Paris les premières « fontaines Wallace » : le philanthrope participe largement au financement de celles-ci, en partenariat avec la Ville de Paris.
Sir Richard Wallace reviendra vivre trois ans au château de Bagatelle, où il meurt le 20 juillet 1890 « dans le lit de son père » ; il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise.
Sir Richard Wallace (wikipedia.org)
Pourquoi les fontaines Wallace ?
Après le siège de Paris et la Commune, l’approvisionnement en eau est fortement dégradé (aqueducs détruits). Le prix de l’eau a considérablement augmenté.
La tentation des « marchands de vin » est grande chez les indigents.
Le besoin urgent de ces « brasseries des quatre femmes » est clairement prouvé par la vitesse avec laquelle le projet est concrétisé. Ce sont souvent les seuls points d'eau gratuits pour les SDF.
Belgrand est chargé de choisir les emplacements. La couleur, un vert profond, comme tout le mobilier urbain de cette époque. Richard Wallace conçoit lui-même ces fontaines.
Première fontaine Wallace installée en août 1872 boulevard de la Villette. Un nombre considérable de Parisiens sont présents et tentent de s'en approcher dans une bousculade effrénée. Aucun personnage officiel n'est présent à cette inauguration.
Quatre modèles
Grand modèle qui s'inspire de la fontaine des Innocents.
Quatre cariatides soutenant à bout de bras un dôme orné d'une pointe, et décoré de dauphins.
Les quatre cariatides, toutes différentes, représentent la bonté, la simplicité, la charité et la sobriété. Pour faciliter la distribution de l’eau, deux gobelets en fer étamé retenus par des chaînettes fixées aux boucles formées par les trompes des têtes d'éléphants, toujours visibles sous le socle desdites cariatides. Ces gobelets ont été supprimés en 1952.
Modèle exporté dans de nombreuses autres villes de France et du monde.
Photo Atget (Gallica.bnf.fr) – Photo agence Rol (Gallica.bnf.fr)
Modèle à colonnettes (cf.142)
Réalisé par la suite. Les cariatides sont remplacées par des colonnettes pour réduire le coût de fabrication. La forme générale de la fontaine est comparable à celle du grand modèle, bien que le chapiteau ne soit pas aussi pointu, et la partie inférieure plus incurvée. Les quatre faces sont identiques.
Il n'en reste aujourd’hui que deux à Paris, l'une rue de Rémusat, l'autre avenue des Ternes.
Modèle en applique (cf.141)
Fontaine de petit modèle
Simple borne-fontaine à bouton-poussoir, que l'on peut trouver dans les squares ou les jardins publics, marquée de l’écu parisien.
A l’origine de sa bonne action : un cafetier aurait refusé de lui servir gratuitement de l’eau. Cet incident serait-il aussi à l’origine de la loi obligeant les cafetiers à offrir gracieusement l’eau et un journal ? Cela fait partie de la légende.
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