Bacchanale (1897)

Fontaine du Fleuriste municipal. Jardin des Serres d’Auteuil

Les Bacchantes aimaient les fêtes sauvages. Prises de délire, elles formaient des cortèges où elles se montraient échevelées, la poitrine nue, dansant et chantant, couvertes de peaux de renard. Elles poussaient le cri sacré "Evohé!" en secouant la tête dans tous les sens. Douées d'une force surhumaine, elles lacéraient les animaux pour les dévorer.

Le délire dont souffraient les Bacchantes est bien sûr le délire de boisson et ces femmes symbolisaient les fêtes religieuses qui avaient lieu chez les Romains en l'honneur du dieu du vin, Bacchus, les bacchanales. Il arrivait que ces  fêtes où la boisson coulait à flot, dégénéraient et tournaient au scandale.

Les Bacchantes avaient aussi de bien curieux pouvoirs car on dit qu'elles savaient faire couler le vin, le lait et le miel des arbres.

L’œuvre

Jean-Camille Formigé, l’architecte de la grande serre, installe une fontaine à l'avant du pavillon. Pour l’orner, il choisit la scène bachique que Dalou avait exposée au Salon des Beaux-Arts de 1891, lui-même inspiré d’un médaillon datant de son exil anglais. Toutefois, pas de faunes à pattes de chèvre ; les références mythologiques disparaissent dans ce traitement réaliste de corps d’hommes et de femmes. « Afin de faire ressortir le tournoiement joyeux des figures et la truculence de la scène, Dalou a supprimé les draperies et feuillages de l’arrière-plan qui se trouvaient dans l’œuvre anglaise et a détaché les personnages sur un fond presque neutre de rochers. »

D’après Dalou à Paris par Amélie Simier, Daniel Imbert, Guénola Groud (Ed. Paris Musées)

Londres, douze ans plus tôt

Son séjour londonien se termine par un scandale, une Bacchanale présentée au Salon de la Royal Academy de Londres. Il écrit à Ernest Cornaglia : « tant qu’ici j’ai traité des sujets very sweet, des douces mères et des enfants bien sages, on m’a serré la main affectueusement, mais voilà que […] j’attaque enfin le taureau par les cornes […], alors tout change et je ne vois plus quand je rencontre un académicien qu’un homme au visage embarrassé qui cherche à m’éviter comme si je venais de commettre un pet à table. »