Douzième arrondissement
Le Triomphe de la République (1899)
12 mètres de haut, 22 mètres de long, 12 mètres de large. L’œuvre maîtresse de Jules Dalou ?
Lorsqu’en 1879, Jules Dalou revient de ses neuf ans d’exil, il est peu connu du milieu artistique français.
L’une de ses premières initiatives est de participer à un concours lancé l’année précédente par le conseil municipal de Paris. Celui-ci propose l'érection d'un monument à la gloire de la République (dont les fondations sont encore fragiles). Un conseil municipal à majorité radicale qui demande une République coiffée d’un bonnet phrygien, malgré l'interdiction officielle.
La proposition de Dalou est devancée par celle des frères Morice ; c'est leur statue qui est installée en 1883 sur la place qui prendra six ans plus tard le nom de République.
Dalou n’a pas tout perdu. Sa composition a plu au jury, la ville de Paris passe commande de sa réalisation pour le centre de la place de la Nation.
Le Triomphe de la République va lui demander, en tout, vingt ans de labeur. Ses dimensions colossales lui imposent de revoir toutes les proportions. À l'occasion des fêtes du centenaire de la Première république française, le modèle à grandeur du monument en plâtre peint est inauguré le 21 septembre 1889, lors d'une cérémonie présidée par Sadi Carnot.
Les difficultés techniques pour réaliser une composition en bronze de cette taille vont nécessiter un délai de dix autres années avant l’inauguration définitive, le 19 novembre 1899, lors d'une cérémonie présidée par Emile Loubet (et l’occasion d’une grande fête populaire et démocratique, à la satisfaction du sculpteur). Notons que les fondeurs sont les mêmes que pour l’œuvre des frères Morice, la fonderie d’art Thiébaut Frères.
Revue de détail
Marianne, coiffée du bonnet phrygien, symbole de liberté, s’appuie sur le faisceau hérité de la République romaine. Sous ses pieds, le globe terrestre témoigne de la vocation universelle de la République.
Le char de la Nation est tiré par les lions de la Force populaire, et guidé par le génie de la Liberté ; de part et d’autre, la Justice (avec son manteau d’hermine et sa main de justice) et le Travail (avec son marteau), sont les forces motrices du cortège. Un enfant portant le livre de l’Instruction accompagne l’ouvrier tandis qu’un autre portant la balance, symbole d’Equité, accompagne la Justice.
L’équipage ainsi formé est suivi de la Prospérité qui sème les fruits de l’Abondance.
La République fille des Lumières et de la Révolution française.
L’artiste exprime ses convictions républicaines tout en utilisant les canons de la sculpture allégorique classique. Mais le forgeron annonce les œuvres réalistes à venir.
Parmi les nombreux symboles disséminés, l’équerre des francs-maçons.
Le bassin
En 1908, des monstres marins en bronze, réalisés par le sculpteur animalier Georges Gardet, sont installés dans le bassin. Ces animaux, symboles des forces de la réaction impuissante qui crachent des jets d'eau vers le groupe monumental, reprennent une idée qui avait été esquissée puis abandonnée par Dalou. Ces éléments en bronze seront enlevés sous le régime de Vichy pour répondre à la demande de récupération du métal de l'occupant allemand. Le bassin a disparu depuis le percement de la ligne du RER.