Monument à Eugène Delacroix (1890) - Jardin du Luxembourg

Ronde-bosse, bronze

Une rumeur sur la naissance d’Eugène

Charles Delacroix, le père, fut député à la Convention, puis ministre des Affaires extérieures sous le Directoire. Victoire Delacroix, née Oeben, est la fille d’un célèbre ébéniste.

Lorsque Eugène naît en 1798, son père est affligé d’une énorme tumeur aux testicules, « Delacroix, ce n’est pas un ministre, c’est une femme enceinte » raillait Mme de Staël. Charles se décide à l’opération sept mois avant la naissance d’Eugène (deux heures et demie sans anesthésie). Cette infirmité est à l’origine de la rumeur selon laquelle Talleyrand serait le père du futur peintre. Une légende sans doute, Charles aurait gardé sa virilité.

Delacroix en 1849

Le 28 avril 1849, il est officiellement chargé par le ministère de l’Intérieur de la décoration de la chapelle des Saints-Anges de l’église Saint-Sulpice.

Delacroix a 51 ans, son génie est reconnu, c’est un familier du futur Empereur. On le décrit comme un dandy dédaigneux et glaçant mais aussi, selon Théophile Gautier, « moelleux, velouté, câlin comme un de ces tigres dont il aimait à rendre la grâce sourde et formidable. »

A l’époque de Jacob, il n'a pas de liaison, il n’a jamais été marié mais a une prédilection pour les amours ancillaires.

Delacroix n’a jamais appartenu à la bohême ; le débraillé et l’excentrique le dégoûtent.

C’est un agnostique marqué par le christianisme.

Sa santé est déjà chancelante, il souffre d’une laryngite tuberculeuse qui le préoccupe.

La Lutte contre Jacob, dernier chef d’œuvre du maître

On ne sait pourquoi cet agnostique imprégné de christianisme a choisi ce thème biblique assez obscur.

Si Jacob lutte contre l’Ange, Delacroix entreprend un long combat avec la paroi : « Le grand ennemi c’est l’humidité des murs : en somme, les murs sont détestables à toute peinture. »

Jusqu’en 1854, il préfère s’investir dans la décoration d’un salon de l’Hôtel de Ville. C’est son fidèle collaborateur, Andrieu, qui se charge des travaux préparatoires.

Quand enfin il s’attelle à cette rude tâche, le corps a du mal à suivre ; il sera souvent tenté d’abandonner.

En décembre 1857, il quitte la rue Notre-Dame de Lorette et s’installe place Furstemberg, à quelques pas de l’église Saint-Sulpice. 

La dernière année de labeur est particulièrement dure. Ayant pris froid en novembre 1860, il a peur de ne pas avoir le temps d’achever l’œuvre ; la bataille contre le mur est terrible ; un nombre incalculable de couches recouvrent la surface poreuse.

Les peintures de la chapelle des Saints-Anges sont enfin terminées le 22 juillet 1861 (n’oublions pas les voisines de Jacob, Héliodore en face et Saint-Michel terrassant le dragon au plafond)

Delacroix survit deux ans à l’achèvement des travaux, la maladie l’emporte le 13 août 1963, à 65 ans.

Source principale : Jean-Paul Kauffmann – La Lutte avec l’Ange (ed. Folio)

  

L’œuvre de Dalou

Le Temps à la longue barbe soulève la Gloire, offrant les palmes de la Célébrité au grand artiste. Le Génie des Arts, Apollon, applaudit à cette scène.

Une envolée lyrique assez innovatrice pour l’époque et qui fit l’objet de critiques. Les modelés des corps sont pourtant un hommage aux œuvres classiques du XVIIe siècle.

C’est à l’instigation d’Auguste Vacquerie, proche de la famille Hugo, que ce monument fut commandé au sculpteur. Dalou avait exécuté son buste quelques années plus tôt.