Jules Jouy (1899)
Cimetière du Père Lachaise (53e division) - Buste en bronze
Jules Jouy (1855-1897)
Un enfant du peuple qui a dû attirer la sympathie de Dalou. Presque oublié aujourd’hui, il illustre parfaitement, par son activité débordante, ce que fut la bohême de Montmartre et du Quartier latin. Essayons de mettre un peu d’ordre :
D’abord garçon boucher avant d’enchaîner d’autres petits métiers : goguettier, membre des goguettes, ces sociétés chantantes très en vogue à l’époque. Il est l'auteur de plusieurs chansons : le Rire gaulois, la Soupe et le Bœuf, ou encore la Goguette moderne.
Il collabore à différentes publications satiriques telles que Le Tintamarre, Le Sans-culotte, Le Rire, La Lanterne des curés (condamné pour « pornographie) et des journaux politiques : Le Cri du Peuple de Jules Vallès, Le Parti ouvrier ou le journal Le Paris.
Lui-même fonde des publications, Le Journal des merdeux, interdit dès sa première parution, Le Journal des Assassins.
La plupart de ces journaux auront une durée de vie assez courte.
Il fréquente tout ce que Montmartre et le Quartier latin comptent de clubs littéraires ou de chansonniers tels le Cercle des Hydropathes, Ou bien les Hirsutes, ou encore les Fumistes, plus tard le Cabaret des Assassins. Il fonde l’Anti-concierge.
Pour mémoire, voici le règlement intérieur qu’il a rédigé pour le Cercle des Hydropathes :
Article 1er ; L'assemblée des Hydropathes se compose de la sonnette du Président.
Article 2 : La susdite sonnette est chargée de faire observer le présent article.
Et, bien entendu, il se produit régulièrement au célèbre Chat Noir de Rodolphe Salis (où il anime la Goguette du Chat Noir).
Il est patron de cabaret, le Café des décadents, rapidement fermé par ordre de la Préfecture de police, ou bien le cabaret du Chien Noir en opposition au Chat Noir (après une brouille avec Salis suivie d’un procès).
Il écrit des poèmes, dont la Veuve, poème sur la guillotine et la peine de mort.
Son œuvre majeure reste les centaines de chansons qu’il a écrites durant sa courte vie, chansons qui paraissent à la une des journaux précités. Plusieurs seront des succès, la première d’entre elles étant Derrière l'omnibus, chantée par Paulus. Il aura également pour interprètes Aristide Bruant, Yvette Guilbert, Polin, Fragson, Réjeane, Théodore Botrel, la fine fleur de la chanson française de l’époque.
Hyperactif, gros fumeur et gros consommateur d’absinthe, sa santé se dégrade ; il est sujet à des troubles mentaux qui le mènent dans un asile d’aliénés de la rue Picpus.
Il meurt fou à l'âge de 42 ans en mars 1897. Tous les chansonniers montmartrois l’accompagnent dans sa dernière demeure.
Côté politique, Jules Jouy manifeste un antiboulangisme virulent ; les boulangistes le baptisent le Poète chourineu, ses textes allant jusqu'à l'appel au meurtre.
C’est un républicain anticlérical. Admirateur de la Commune, il milite pour l’amnistie des communards.
Mais il est aussi sensible au courant antisémite qui sévit à cette époque à Montmartre. Il publie plusieurs chansons dans la Libre Parole de Drumont.
Pour terminer, trois citations de Jules Jouy (LeMonde.fr) :
« L’heure, c’est l’heure ; avant l’heure, c’est pas l’heure ; après l’heure, c’est plus l’heure. »
« Voici l’été, épousez une femme ombrageuse. »
« Les repas de famille ne consistent pas à se manger entre parents
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