Dix-huitième arrondissement

Le Progrès entraînant le Commerce et l’Industrie (1895)

26, rue de Clignancourt - Fronton des anciens magasins Dufayel

Grands Magasins Dufayel, le « Palais de la Nouveauté »

Une institution, chantée par les Frères Jacques, évoquée par Prévert (« On allait aussi à Paris chez Dufayel pour acheter des choses à crédit et voir en même temps le cinématographe, la lanterne magique qui bougeait. »).

Ce grand magasin avait été fondé en 1856 par Jacques François Crespin sous le nom de « Palais de la Nouveauté ». Au décès du fondateur, il fut repris par Georges Dufayel, un des employés. L’établissement aurait compté jusqu’à 15.000 employés !

Monsieur Dufayel décède à son tour en 1916. Le magasin lui survivra jusqu’en 1930. Les locaux servent de lieu de stockage pour l’occupant pendant la Deuxième guerre mondiale puis pour la Croix Rouge américaine, avant d’être repris par la BNP qui y fera de profondes transformations. C’est à ce moment-là que le fameux dôme surmonté d’un puissant projecteur est démoli (1957), « le phare électrique se trouve presque de niveau avec le sol du Sacré-Cœur. Le propriétaire n’a rien négligé pour faire de son établissement un des plus beaux de la capitale. »

Le magasin couvrait le bloc délimité par le boulevard Barbès, la rue de Clignancourt, la rue Christiani et la rue de Sofia.

Etant donné sa situation géographique, la clientèle visée était essentiellement populaire mais on y trouvait de tout, jusqu’à des combinaisons de scaphandriers. La direction ne reculait devant rien pour attirer le chaland ; le phare mis à part, on y trouvait un grand théâtre et un jardin d’hiver. Et rares étaient les murs aveugles épargnés par les affiches Dufayel, il suffit de regarder les cartes postales parisiennes de l’époque.

Clientèle populaire est synonyme de petits revenus. Qu’à cela ne tienne, on propose une autre « nouveauté » : le crédit à la consommation. Crédit octroyé après enquête auprès des concierges. Les bénéficiaires recevront la visite hebdomadaire de l’encaisseur Dufayel.

L’entrée monumentale 26, rue de Clignancourt

Elle fut aménagée en 1892. Le fronton, « le Progrès entraînant dans sa course le Commerce et l’Industrie », fut l’œuvre de Dalou et les sculptures celles de Falguière.