P5 : Blocus, biens nationaux et deux entrepreneurs sous Napoléon Bonaparte (1)
1789 voit la montée en puissance de la bourgeoisie. Plusieurs lois et mesures viennent enraciner son pouvoir économique : confiscation des biens du clergé « mis à disposition de la Nation », abolition des corporations et des coalitions (loi Le Chapelier de 1791).
Le Consulat et l’Empire vont poursuivre le travail avec la création de la Banque de France (1800), l’usage obligatoire du système métrique (1800), la mise en place d’un système monétaire stable (le franc germinal de 1803) et la promulgation du Code du commerce (1807) qui favorise le développement d’entreprises par actions.
Le blocus continental imposé à l’Angleterre en novembre 1806 et son corollaire, le blocus des ports continentaux par la marine anglaise, ont d’importantes conséquences : l’effondrement du commerce extérieur et la faillite des ports atlantiques et de l’arrière-pays.
En revanche, ce protectionnisme favorise l’émergence (encore balbutiante) d’industries nouvelles sous l’impulsion « d’aventuriers », en particulier dans deux domaines, la chimie et les textiles (secteur très menacé par la concurrence anglaise) : Chaptal (acides et chlorates de sodium dans son usine des Ternes), Oberkampf (toile de Jouy), les frères Ternaux (draps) ou encore François Richard-Lenoir (le coton) et Benjamin Delessert (sucre de betterave).
Autre secteur florissant, l’armement. Les ouvriers y affluent car cela les exempte de service militaire.
En conclusion, le blocus entraîne l’effondrement de l’économie de la frange atlantique du pays et un déplacement de l’activité vers le nord et l’est (naissance des grands centres industriels de la France au XIXe et XXe siècle).
“C’est moi qui ai créé l’industrie française” dira Napoléon en 1812. Par le cortège législatif prônant la liberté d’entreprise et favorisant le capitalisme banquier. Et grâce au blocus !
Sources :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Blocus_continental
Jean Tulard – Napoléon (Ed. Fayard)
99-101, rue de Charonne : François Richard-Lenoir
François Richard, fils de paysans né en 1765. Domestique chez un marchand de Rouen, embauché dans un café.
Arrivé à Paris et après avoir fait quelques économies, il se lance dans le commerce des étoffes de coton, à la limite de la légalité.
En 1789, il est enfermé pour dettes à la prison de la Force ; il s’en évade avec d’autres prisonniers qui profitent de l’incendie de la manufacture de Réveillon.
Après avoir acquitté ses dettes, il reprend ses spéculations dans le même domaine et se trouve en concurrence avec un jeune négociant, Joseph Lenoir-Dufresne. Ils s’associent.
De négociants ils deviennent fabricants d’étoffes ; un prisonnier anglais les aide à percer le secret de la fabrication des basins anglais, très en vogues. Les quelques métiers exploités dans une guinguette rue de Bellefonds laissent la place à une manufacture installée dans l’ancien couvent des bénédictines du Bon-Secours (99-101, rue de Charonne - XIème), couvent abandonné où ils s’installent sans attendre l’autorisation.
Cette première manufacture parisienne de coton devient en quelques années l’une des plus importantes pour le commerce du coton en France.
Le premier consul vient la visiter, attentif à tous les détails de la fabrication, l’encourage et décore l’entrepreneur de sa propre main. En 1801, trois cents métiers sont montés dans différents villages de la Picardie. Les « Richard-Lenoir » vont largement profiter des abbayes et couvents devenus biens nationaux pour étendre leurs activités à L’Aigle, Caen ou Chantilly.
Joseph Lenoir meurt en 1806. Sur son lit de mort, il demande à son associé de ne jamais séparer leurs deux noms. François Richard devient François Richard-Lenoir.
Il est considéré comme l’homme le plus riche du XIXe siècle, pour peu de temps cependant. C’est Napoléon qui va provoquer la chute. Richard-Lenoir veut étendre son activité à la culture du coton qu’il entreprend dans le royaume de Naples en 1808. L’Empereur qui veut développer cette culture dans le sud de la France, frappe le coton de droits de douane particuliers. L’entrepreneur commence à éprouver des difficultés d’approvisionnement, il doit emprunter. Deuxième mauvais coup porté à ses activités : la Hollande, réunie à la France, déverse sur le marché de grandes quantités de marchandises anglaises. Richard éprouve les plus grandes difficultés à vendre ses produits.
Mars 1814, les armées coalisées attaquent Paris ; Richard participe à la défense de la ville à la tête de la 8ème légion de la garde nationale.
Le retour des Bourbons provoque la ruine définitive de l’industriel par un changement des règles douanières. Forcé de vendre ses propriétés et d’accepter une pension de son gendre, Richard-Lenoir doit se retirer. Il meurt en 1839.
Source :
https://fr.wikipedia.org/wiki/François_Richard-Lenoir