P4 : 9, rue de la Tour des Dames, Talma (1763-1826)
En 1810, les pentes de Montmartre sont faiblement urbanisées ; la rue de la Tour des Dames est un ancien chemin bordé de folies et d’hôtels particuliers. A la fin de l’Empire, des artistes commencent à s’y installer, annonçant la naissance de la future Nouvelle Athènes.
La maison de numéro 9 date de 1810. Talma en est le propriétaire ; il y meurt en octobre 1826, âgé de 63 ans.
François-Joseph Talma, le « comédien préféré de Napoléon »
Fils d’un cocher devenu dentiste, et dentiste lui-même. Talma est à Londres à treize ans lorsqu’il découvre le théâtre élisabéthain. Rentré en France en 1785, sa carrière de dentiste ne dure pas, il s’inscrit en 1786 dans l'École royale de déclamation et débute dès l’année suivante à la Comédie-Française en 1787 dans Mahomet de Voltaire. Il sera de la distribution dans le Barbier de Séville et le Mariage de Figaro, les deux pièces de Beaumarchais qui dénoncent les privilèges de la noblesse.
Peu de temps après, il connaît la célébrité avec Charles IX de Marie-Joseph Chénier, interdite par Louis XVI à l’instigation de l’Eglise en octobre 1789. Cette censure est le début d’un conflit au sein de la troupe entre comédiens fidèles au roi et ceux favorables à la République. Le conflit se solde par une scission en avril 1791. Les républicains quittent le théâtre de la Nation (actuel théâtre de l’Odéon) et partent à la recherche d’une salle libre ; ils la trouvent au Palais-Royal où la salle d’opéra est inoccupée et elle devient salle du Théâtre de la République.
Avec l’avènement de la Première République, Talma devient aussi un acteur politique, proche de Robespierre. C’est par son intermédiaire qu’il fait la connaissance du jeune Bonaparte. Par ailleurs, sa femme, l’actrice Julie Carreau loue son petit hôtel rue de la Victoire à Rose-Marie de la Tascher, future Joséphine ; Julie Carreau, républicaine convaincue, tient un salon que fréquente Napoléon.
L’incendie, en 1799, du théâtre de la Nation devenu entre-temps Théâtre de l’Egalité, provoque le regroupement des deux troupes au Palais-Royal. Talma et les dissidents sont réintégrés, scellant ainsi la naissance de l'actuelle Comédie-Française.
Le jeune ami de Talma est maintenant Premier Consul. Le comédien devient officiellement « le comédien préféré de Napoléon ».
Les grands rôles vont se succéder : Cinna, Rodrigue, Bajazet, Néron, etc. Les grands auteurs classiques mais aussi Olympe de Gouges, Fabre d’Eglantine, Collot d’Herbois. Et des auteurs tombés aujourd’hui dans l’oubli ; à titre d’exemples Charles-Georges Fenouillot de Falbaire de Quingey ou François-Thomas-Marie de Baculard d'Arnaud.
Son dernier rôle sera Charles VI dans la pièce éponyme d'Alexandre-Jean-Joseph de La Ville de Mirmon, l’année de sa mort.
Il aura joué dans une centaine de pièces.
Sa réputation est immense, son talent reconnu par tous. Il a pourtant choqué une partie du public en apportant une innovation d’importance : dans Brutus de Voltaire, il ose se présenter en habit d’époque, en toge, bras et jambes nues, et sans perruque !
Sa diction s’éloigne de l’habituelle déclamation, les vers se chargent d’émotion et annoncent l’arrivée d’un nouveau style, le drame historique ; Alexandre Dumas ne peut que rendre hommage à son talent deux décennies après la mort de l’acteur.
L’actrice et danseuse Julie Carreau est donc la première femme de Talma ; ils ont deux enfants mais les infidélités du comédien provoquent la séparation du couple en 1802. Talma épouse ensuite une autre comédienne, Charlotte Vanhove, dont il se sépare en 1815 ; entre-temps, en 1812, il a une liaison avec Pauline, la sœur de Napoléon.
Une foule importante assiste à ses funérailles en octobre 1826 ; il repose au Père-Lachaise.
Anecdotes :
Pour en savoir plus, Wikipedia :
https://fr.wikipedia.org/wiki/François-Joseph_Talma