7 : 1795 : 1, avenue Montaigne - Salon de Mme Tallien,
premières rencontres de Napoléon et Joséphine

Thérésa Cabarrus est née à Madrid en 1773, de parents d’origine française ; son père est un banquier influent du roi d’Espagne. Malgré ses aléas financiers, il laisse un héritage considérable. 

A cinq ans, elle est envoyée à Paris pour devenir une jeune fille accomplie selon les règles de la haute société. Belle jeune fille, Thérésa ne manque pas de prétendants. En 1788, à quinze ans, elle épouse Jean-Jacques Devin, conseiller au Parlement de Paris, 60.000 livres de rente par an, futur marquis de Fontenay. Un mariage raté mais Thérésa tient un salon dont la réputation ne se démentira pas pendant des décennies. S’y succéderont La Fayette, Mirabeau puis Barnave, Robespierre ou Desmoulins. C’est donc une aristocrate acquise aux idées nouvelles.

C’est à Bordeaux qu’elle fait la connaissance de Tallien, fin 1793. Lui est chargé par le Comité de Sûreté Générale d’imposer les idées jacobines dans cette ville libérale. Il fait arrêter près de mille personnes, trois cents sont condamnées à mort.

Thérésa y réside, séparée de son mari exilé. La citoyenne Fontenay, ex-marquise, est arrêtée et incarcérée. Elle obtient d’avoir une entrevue avec le maître de la ville ; elle est libérée et devient sa maîtresse.

Elle mène grand train grâce à un amant qui ne lui refuse rien, une vie dissolue qui attire la méfiance de Paris et de Robespierre. Tallien est rappelé. Il part pour Paris afin de justifier son zèle révolutionnaire auprès de Robespierre. 

Thérésa rentre à son tour à Paris et est à nouveau arrêtée. Enfermée à la prison de La Force, puis à la prison des Carmes, elle comparait devant le Tribunal Révolutionnaire qui la condamne à mort le 7 Thermidor (25 juillet 1794). Tallien intervient pour que son exécution soit différée du 8 au 10 thermidor. Robespierre tombe le 9 et Tallien a beaucoup contribué à sa chute. Thérésa devient « Notre-Dame de Thermidor » !

Thérésa, une fois sortie de prison, reprend sa vie mondaine et elle épouse son amant en décembre 1794. Thérésa devient Madame Tallien.

  

Une petite Rose-Thermidor Tallien naît en mai 1795. Sa marraine est la nouvelle grande amie de sa mère, Rose Tascher de la Pagerie, veuve du vicomte de Beauharnais, qui elle aussi a connu la prison. Rose se fera bientôt appeler Joséphine.

Après la chute de l’Incorruptible, le libertinage est de retour ; les Merveilleuses à peine vêtues de leurs voiles légers défraient la chronique ; Thérésa et Joséphine en sont les figures de proue.

Madame de Beauharnais choisit Barras comme protecteur. Quant à Thérésa, elle s’est installée dans une maison allée des veuves, l’actuelle avenue Montaigne ; une maison nommée la Chaumière.

Les orgies de Barras, Thérésa et Rose de Beauharnais
(tandis que Bonaparte observe la scène) – caricature anglaise de 1805


Mais l’étoile de Tallien commence à pâlir face à Barras, l’homme fort du Directoire et grand jouisseur. L’amant de Joséphine devient bientôt celui de Mme Tallien ; une situation qui suscite les commérages et inspire les caricaturistes.

Allée des veuves, les fêtes succèdent aux fêtes. Barras, Fréron, Juliette Récamier, Choderlos de Laclos, Talleyrand, Fouché ou Sieyès sont de la partie.

La maison reçoit aussi le jeune général Bonaparte qui vient de s’illustrer dans la répression de l’insurrection royaliste du 13 vendémiaire an IV. S’il est sensible aux charmes de son hôtesse, celle-ci éconduit le jeune présomptueux, le traite avec un relatif mépris. Bonaparte ne lui pardonnera pas.

Mais le fait d’importance est la rencontre entre Napoléon et Joséphine. Quelques mois plus tard ils se marient, avec Barras, l’ex amant, et Tallien pour témoins.

En 1798, Tallien est sur la touche ; le Directoire l’envoie en Egypte avec l’expédition de Bonaparte, l’antichambre pour lui du placard aux oubliettes.

Thérésa en est débarrassée ; elle devient l’amante d’un nommé Ouvrard, qui a fait fortune en sa qualité de fournisseur des armées. Le coup d’Etat du 18 brumaire signe la fin de madame Tallien, femme d’influence. Bonaparte ne l’admet pas à sa cour et interdit à Joséphine de poursuivre cette relation, avec deux bonnes raisons pour cela, le souvenir de la rebuffade publique de Thérésa et celui des orgies communes avec Barras.

En 1805, Thérésa rencontre François Joseph Philippe de Riquet de Caraman-Chimay, « Notre-Dame de Thermidor » épouse le prince Caraman-Chimay, au grand dam de la famille de ce dernier. Chimay, au sein des Ardennes, devient sa résidence et, en grande aristocrate, sait sacrifier aux nécessités de la charité.  Elle meurt dans son château en 1835.

Sources :

Wikipedia

Hillairet, Dictionnaire des rues de Paris (les Editions de Minuit)

Patrick Germain : l'extravagante Madame Tallien, née Thérésa Cabarrus 

http://blogpatrickgermain.blogspot.com/2017/02/lextravagante-madame-tallien-nee.html