35 : 21 juin 1815 : l’Elysée, les dernières heures de Napoléon empereur


Après Waterloo, 18 juin 1815, Napoléon, vaincu bat en retraite vers Laon, et pense déjà à sa revanche. Le 19 juin, il écrit à son frère Joseph pour lui annoncer un plan de campagne : il puisera dans tous les réservoirs de la nation pour constituer une armée de 300.000 soldats ! Avec « les chevaux des calèches pour tirer les pièces de l'artillerie ».

Le 20 juin, Fouché apprend la défaite, garde l’information secrète et sonde des membres de la Chambre des représentants. Lafayette veut que la Chambre demande l’abdication et prononce la déchéance en cas de refus.

L’empereur arrive le 21 juin à Paris, au petit matin. Son intention est de réunir les Chambres en espérant qu’elles lui concèdent les pleins pouvoirs. Les députés se réunissent à midi, informés par Fouché des menaces de coup d'état ; Lafayette fait proclamer l'assemblée « en permanence » et inviolable.

Napoléon s’est réfugié à l’Elysée. Le peuple l’acclame, ce qui lui fait dire à Benjamin Constant : « Vous les voyez ! Ce n’est pas eux que j’ai comblés d’honneurs et gorgés d’argent. Que me doivent-ils ? Je les ai trouvés, je les ai laissés pauvres. »

A 9 heures du soir, un comité central réunissant des Représentants, des pairs et des membres du Conseil d'état, entre en séance pour délibérer des mesures à prendre. A 11 heures, le comité autorise les Chambres à traiter avec les puissances alliées sans en référer à l'Empereur. C’est la chute effective de Napoléon.

Lucien Bonaparte pousse son frère à dissoudre la Chambre pour reprendre le pouvoir. Bonaparte refuse : « je ne suis pas revenu de l’île d’Elbe pour que Paris soit inondé de sang. »

C’est donc au palais de l’Elysée que, le 22 juin 1815, Napoléon abdique en faveur de son fils, surestimant ainsi l'attachement des Français à l'Empire et oubliant que le Roi de Rome est otage des Alliés à Vienne.

Le pouvoir exécutif est confié à une Commission de gouvernement, présidée par Fouché. Il pourra ainsi préparer le retour de Louis XVIII.

Le 25 juin, Napoléon quitte l'Élysée (*) pour la Malmaison, où il est reçu par la princesse Hortense - court séjour chargé d’émotion -. Il propose à la Commission de gouvernement de reprendre du service comme « simple général » !

Le 29 juin, à 5 heures du soir, il monte dans une calèche qui prend la route de Compiègne, puis oblique vers Rochefort où il arrive le 3 juillet. De là, une frégate l’emmène sur l'île d'Aix le 9 juillet. Avec ses proches il s'installe dans la maison du commandant, qu'il a fait construire en 1808. Napoléon y passe ses derniers jours en terre française. Après des pourparlers qui n'aboutissent pas, il rédige le 13 juillet sa lettre de reddition au prince-régent d'Angleterre et, le 15 juillet, il revêt son uniforme et monte à bord du Bellérophon, avant d'être transféré le 7 août 1815 sur le Northumberland. Il espérait aller aux États-Unis mais ce sera Sainte-Hélène, accompagné de quelques volontaires : les généraux Bertrand, Montholon et le comte de Las Cases.

Le 8 juillet 1815, Louis XVIII entre dans Paris


(*) Alors que Fouché est conduit par Talleyrand auprès de Louis XVIII à Saint-Denis – « Tout à coup, une porte s’ouvre, entre silencieusement le vice appuyé sur le bras du crime » - Chateaubriand – Fouché reste à la tête de la police.