21 : 18 avril 1802 : Notre-Dame, Te Deum pour la proclamation du Concordat
Le 18 avril 1802, jour de Pâques, on célèbre la « paix des consciences » avec un Te Deum dans Notre-Dame rendue au culte.
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La Révolution française a mis fin aux privilèges du clergé catholique. Elle conduit à une politique anticléricale, la confiscation et la vente de biens religieux et un mouvement de déchristianisation. Le clergé est divisé entre les ecclésiastiques qui ont prêté un serment de fidélité à la Constitution et les réfractaires, souvent partis en exil ou emprisonnés. Les évêques sont élus par les citoyens de leur diocèse et non plus nommés par le pape ; c’est la guerre avec le Vatican. Pie VI est fait prisonnier par le Directoire et meurt à Valence en 1799.
Pour le Premier Consul, la pacification politique est impossible sans mettre fin à la guerre religieuse devenue une guerre civile. De plus, négocier avec le pape pourrait servir à détourner les catholiques de Louis XVIII et des Bourbons. Le ministre des Relations extérieures, Talleyrand, prend naturellement en charge le dossier mais, prêtre défroqué et concubinaire, il ne participe pas aux négociations. Début novembre 1800, Pie VII envoie son représentant, Mgr Spina. Les négociations vont durer plusieurs mois, avec de multiples rédactions, quelques coups de théâtre et une menace d’occuper Rome.
C’est finalement le Consul lui-même qui prend les choses en mains et rédige, à son avantage, la version définitive.
Le Concordat nécessite une réorganisation de la hiérarchie catholique en France et Bonaparte doit pour cela transiger à la fois avec les évêques réfractaires et les évêques constitutionnels en place. Pie VII, pour permettre cette réorganisation, impose la démission de tous les évêques, institués par Rome ou élus. Cette décision réintroduit l’autorité pontificale dans les affaires de l’Eglise en France.
Les grandes lignes du Concordat de 1801 :
D’emblée, « la religion catholique, apostolique et romaine sera librement exercée en France ».
Le gouvernement reconnaît la religion catholique comme « religion de la grande majorité des citoyens. » Ainsi, le gouvernement n'a pas à se réclamer d'une obédience quelconque.
Le Premier Consul nomme les évêques auxquels le pape accorde l’investiture.
Prêtres et évêques prêtent serment de fidélité au gouvernement.
En échange de l’abandon des biens ecclésiastiques vendus depuis 1790, le « gouvernement assurera un traitement convenable aux évêques et aux curés ».
Bonaparte ajoute deux clauses : Rome ne peut publier aucune bulle sans l’autorisation du gouvernement, pas de concile des évêques sans son accord.
Le Concordat de 1801 est signé le 26 messidor an IX (14 juillet) entre Joseph Bonaparte et le cardinal Consalvi. Un mois plus tard, Pie VII le ratifie.
Le temps de réorganiser les diocèses et les événements s’enchaînent :
8 avril 1802, le Corps législatif promulgue le Concordat.
10 avril 1802, le cardinal Belloy, évêque de Marseille sous l’Ancien Régime, devient archevêque de Paris à Notre-Dame, rendue au culte.
14 avril 1802 sort en librairie le Génie du Christianisme de Chateaubriand, apologie de la religion qui assure à Bonaparte le soutien de nombreux catholiques et de monarchistes.
18 avril 1802, jour de Pâques, le Concordat est promulgué solennellement à Notre-Dame ; un Te Deum est célébré pour la « paix des consciences ».
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Durée du régime concordataire : 1801-1905.
Si le Concordat reconnaît le catholicisme comme prépondérant en France, il n’oublie pas les 600.000 protestants et 40 000 juifs (sans compter les athées). Les religions minoritaires sont reconnues. C’est une avancée de taille ; trente ans auparavant, on pouvait encore condamner à mort des pasteurs qui célébraient le culte. En 1808, deux décrets organisent les consistoires judaïques sur le modèle du protestantisme.
Le Concordat de 1801 restera en vigueur jusqu’en 1905.
Sources :
Wikipedia
Jean Tulard : Napoléon (Fayard)
Herdoate.net : https://www.herodote.net/8_avril_1802-evenement-18020408.php