11 : 18 octobre 1797 : Luxembourg, fête au Directoire
pour le traité de Campo- Formio
La première campagne d'Italie (1796-1797)
Après avoir sauvé la Convention en octobre 1795 (cf. église Saint-Roch), Bonaparte avait été promu général de division. Il gravit un nouvel échelon en mars 1796, le Directoire le nomme commandant de l'armée d'Italie. A ce moment, seuls la Sardaigne et la Sicile sont en guerre contre la France ; la Lombardie l’est de fait car elle est occupée par l’Autriche.
Bonaparte n'a que 26 ans mais sait s’imposer à ses généraux, dont Masséna, Augereau, Sérurier et Berthier. Il emporte sa première victoire le 11 avril 1796, à Montenotte. Vont suivre une série de batailles qui seront pour la plupart des victoires dont beaucoup participeront à la construction en France du mythe Bonaparte :
21 avril 1796, Mondovi, l’occupation du Piémont est presque totale et les Sardes demandent un armistice le 26 avril.
10 mai 1796, le pont de Lodi, qui ouvre la route de Milan, conquise par Masséna. Bonaparte y entre le 16 mai et s’y comporte en souverain au grand dam du Directoire. Le Duché de Savoie et le comté de Nice sont enlevés au roi de Sardaigne.
5 août 1796, victoire de Castiglione, en Lombardie, cinq jours de combat qui coûtent à l’Autriche plus de 20 000 hommes et 50 pièces de canon.
8 septembre 1796, bataille de Bassano, en Vénétie.
15 novembre 1796, l’épisode du Pont d’Arcole : Bonaparte descend de cheval, saisit un drapeau et le jette sur le pont en s’écriant : « Soldats ! n’êtes-vous plus les braves de Lodi ? suivez-moi ! ». Un fait d’armes qui sera savamment utilisé par la propagande du général.
13 et 14 janvier 1797 : bataille de Rivoli et prise de Mantoue, lourdes pertes autrichiennes.
En moins de douze mois, à l’âge de 28 ans, Bonaparte a détruit quatre armées autrichiennes, donné à la France une partie du Piémont, fondé deux républiques en Lombardie, conquis toute l’Italie, depuis le Tyrol jusqu’au Tibre, signé des
traités avec les souverains de Sardaigne, de Parme, de Naples, de Rome. Les états italiens vont être lourdement mis à contribution, du point de vue financier - ce qui permet de compenser les effets catastrophiques de la dévaluation des assignats – et pour l’enrichissement des collections artistiques françaises.
Traité de Campo-Formio
Lorsque les Français ne sont plus qu’à cent kilomètres de Vienne, il n’est plus question de tergiverser pour l’empereur d'Autriche ; il faut négocier.
Bonaparte ne demande pas d'instructions au Directoire, pas plus qu’il n’en a demandé depuis le début de la campagne. Il est dominé par la pensée qu'on se défiait de lui à Paris. « C'est fini, je fais la paix. Le Directoire et les avocats diront ce qu'ils voudront. »
Des accords préliminaires sont conclus à Leoben les 7 et 18 avril 1797.
Le 17 octobre, le traité définitif est signé et conclu à la maison du Bertrando Del Torre-Campo-Formio (aujourd'hui Campoformido, petit village du Frioul).
Le traité de Campo-Formio est donc l’œuvre du seul Bonaparte.
En compensation de la perte de Milan, la souveraineté sur la république de Venise est cédée à la maison d’Autriche, en même temps que sur l'Istrie et sur la Dalmatie.
La maison d'Autriche reconnaît la République cisalpine de Milan et la République ligurienne de Gênes récemment créées.
La France annexe les provinces belges du Saint-Empire appartenant à la maison d'Autriche et repousse en partie sa frontière sur le Rhin.
La libre navigation des bateaux français est garantie sur le Rhin, la Moselle et la Meuse. Reviennent également à la France les îles Ioniennes (Corfou, Zakynthos, Céphalonie, etc.).
La libération du général de La Fayette est aussi l'une des conditions du traité.
Effets et conséquences
La fin de la république de Venise.
La fin de la guerre qui opposait la France au Saint-Empire depuis le 20 avril 1792.
La Première Coalition est dissoute, la Grande-Bretagne est seule à ne pas déposer les armes.
Mais la présence de la France au-delà du Rhin crée de nouvelles tensions et la guerre reprendra dès 1799 ; ce sera la deuxième campagne d'Italie.
Puis c’est enfin le retour à Paris. Retour triomphal où il est reçu avec un enthousiasme extraordinaire. Le Directoire comprend quel danger ce jeune général de 28 ans représente. Néanmoins, il ne peut faire autrement que partager la liesse du peuple en organisant une fête somptueuse dans la cour du palais du Luxembourg le 10 décembre 1797, en présence de presque tous les ambassadeurs des puissances armées. La vaste cour du Luxembourg est ornée, entre autres, des drapeaux conquis par l’armée d’Italie. Bonaparte remet solennellement au pouvoir exécutif le traité de Campo-Formio.
Quelques jours après, Napoléon est fêté avec non moins d’éclat par les Conseils, dans la grande galerie du Musée, et le département donne le nom de Victoire à la rue Chantereine, là où il a sa maison. L’Institut le choisit pour remplacer Carnot, alors proscrit comme royaliste.
Sources : Jean Tulard – Napoléon (Fayard)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Campagne_d%27Italie_%281796-1797%29