9 : 1796 – 1799 : L’hôtel Beauharnais et Joséphine, rue Chantereine

Actuelle rue de la Victoire

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Dans ce quartier à la mode, qui prendra plus tard le nom de Nouvelle Athènes, l’architecte Pérard de Montreuil fait édifier entre 1776 et 1778 deux hôtels rue Chantereine, ainsi qu’un troisième plus petit, niché au fond du parc. L’un d’eux est occupé par la comédienne Julie Carreau qui y accueille quelques amants, parmi lesquels devait figurer Barras.  En 1791, elle y épouse François-Joseph Talma, le fameux comédien, ami proche de Bonaparte puis de l’Empereur. Ils auront deux jumeaux, Castor et Pollux.

En 1795, Talma et Julie Carreau se séparent ; Julie loue l’hôtel à Marie-Josèphe de Tascher de la Pagerie, veuve du vicomte de Beauharnais et général guillotiné, alors dans les difficultés financières. Bonaparte découvre l’endroit à l’automne 1795, une habitation cossue aux yeux de cet officier aux faibles revenus, lui donnant l’illusion que l’occupante est fortunée, ce qu’elle ne cherche pas à démentir. Il y passe de nombreuses soirées avant de s’y installer après son mariage avec celle qu’il appelle dorénavant Joséphine, le 9 mars 1796. Deux jours plus tard, il part pour l’Italie d’où il envoie des lettres enflammées à sa femme avant de lui demander de le rejoindre. Mais Joséphine rechigne ; elle est restée liée à Barras, est de toutes les fêtes ; elle a une courte liaison avec Murat, puis avec un jeune lieutenant de l’armée d’Italie. Face à son refus de quitter Paris, Bonaparte doute et menace de venir la retrouver. Poussée par Barras, elle se résigne à rejoindre son mari : un long séjour de 18 mois loin de Paris que le couple retrouvera en décembre 1797, dans une rue qui s’appelle désormais « rue de la Victoire » en l’honneur de la victorieuse campagne d’Italie.

Aux yeux de Joséphine, un réaménagement de la maison s’impose. Le nouveau mobilier est dessiné par Charles Percier, qui deviendra avec Fontaine l’architecte attitré de l’Empire. Napoléon se souviendra encore à Sainte-Hélène de la facture : « Quelle fut ma surprise, mon indignation et ma mauvaise humeur, quand on me présenta le compte des meubles du salon, qui ne me semblaient rien de très extraordinaires, et qui montait pourtant à la somme énorme de cent vingt à cent trente mille francs. »

A peine rentré à Paris, le voilà reparti pour la fameuse expédition d’Egypte dont il ne reviendra qu’en octobre 1799. Dix-huit mois pendant lesquels les doutes sur la fidélité de Joséphine se sont cristallisés dans l’esprit du général. Le couple est au bord du divorce.

Mais Joséphine n’est pas étrangère au rapprochement de Barras, son ancien amant, et de Sieyès, avec son mari. C’est rue des Victoires que se fomente le coup d’Etat du 18 Brumaire (9 novembre). Deux jours plus tard, Bonaparte s’installe au Petit Luxembourg.

Bonaparte n’aura passé que cinq mois dans l’hôtel de Joséphine.

En 1802, celui-ci est occupé par son frère Louis et Hortense de Beauharmais, la fille de Joséphine, qui s’y sont mariés.

Puis ensuite par Murat et Caroline, la sœur de Napoléon, après leur mariage.

En 1806, l’hôtel est offert par Napoléon en cadeau de mariage à Charles Lefebvre Desnouettes et à son épouse Marie-Louise, fille de l’intendant de Madame Mère (mère de Napoléon). Il est démoli en 1862.

L’unique vestige de cet ensemble est l’hôtel visible au 60, rue de la Victoire. (cf. Marie Walewska).

Pour plus d’informations :

https://napoleonbonaparte.wordpress.com/2007/09/05/napoleon-et-josephine-lhotel-de-la-rue-de-la-victoire/

Jacques Hillairet, Dictionnaire des rues de Paris.

https://www.paris-pittoresque.com/rues/158.htm

Rose/Joséphine avant Bonaparte

Elle est née Marie-Josèphe-Rose Tascher de La Pagerie, fille aînée de Joseph-Gaspard Tascher de La Pagerie et de Rose Claire des Vergers de Sannois, propriétaires d’une plantation et de 150 esclaves en Martinique. Elle est née le 23 juin 1763, soit 5 ans avant Napoléon.

Elle trichera toute sa vie sur son année de naissance.

Un père libertin, souvent absent, laisse beaucoup de liberté à Rose dont le caractère indolent est l’héritage d’une éducation médiocre. Et son addiction au sirop de canne est la cause d’une dentition très abîmée et de son fameux demi-sourire « une bouche garnie de dents jaunes, cariées et puantes » commentera Lucien Bonaparte.

Alexandre de Beauharnais est un proche de la famille, son père vit avec une tante de Rose ; un mariage convenu à Noisy-le-Grand en décembre 1779. De cette union naîtront Eugène en 1781, qui épousera Augusta-Amélie de Bavière, et Hortense, la future épouse de Louis Bonaparte (et mère du futur Napoléon III).

Alexandre est un viveur qui dilapide sa fortune ; ce mariage malheureux se termine par une séparation en 1785. Rose finit par retourner en Martinique en 1788. Sa situation financière n’est pas bonne.

Elle revient en métropole sous la Révolution ; Alexandre a été élu député aux états généraux et se retrouve président de l'Assemblée constituante.

Mais le vent tourne après qu’il a été nommé commandant en chef de l'armée du Rhin en mai 1793.

Il est rendu responsable de la perte de Mayence en juillet, arrêté en janvier 1794, condamné à mort le 22 juillet, guillotiné à Paris le lendemain et inhumé dans une des fosses du Cimetière de Picpus.

Rose est emprisonnée à la prison des Carmes d’où elle sort en août 1794, presque sans ressources. C’est avec l’aide de Barras, son amant, et son amie Thérésa Cabarrus, épouse de Tallien, qu’elle va devenir une des reines du Directoire, louer l’hôtel de Chantereine et faire la connaissance du jeune général Bonaparte.

Sources :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jos%C3%A9phine_de_Beauharnais

https://www.napoleon.org/?s=jos%C3%A9phine