5 : 1795-1798 : 32, rue de Monceau – Désirée Clary


Bernardine Eugénie Désirée Clary, née en 1777 à Marseille. Elle est la fille d’un riche commerçant. On la dit belle comme un ange, mais frivole et d'humeur changeante. Elle est très attachée à ses proches et en particulier à sa sœur Julie.

En juin 1793 et après la rupture avec l’indépendantiste Paoli, la famille Bonaparte quitte la Corse et s’installe à Marseille. En février 1794, le frère aîné de Désirée, Étienne, est incarcéré sur ordre du Tribunal révolutionnaire. Désirée accompagne sa belle-sœur qui veut intervenir auprès du représentant en mission pour faire libérer son époux. C’est dans la salle d'attente qu’elle fait la connaissance de Joseph Bonaparte, commissaire de la marine à Marseille, qui la rassure sur le sort de son frère. Le lendemain, Joseph est présenté à la famille. Joseph promet le mariage à Désirée. Mais arrive son frère cadet, le héros de la prise de Toulon, tout nouveau général et chargé de l'organisation de la défense de Marseille : « dans un bon ménage, il faut que l'un des deux époux cède à l'autre. Toi, Joseph, tu es d'un caractère indécis et il en est de même de Désirée ; tandis que Julie et moi savons ce que nous voulons. Tu feras donc mieux d'épouser Julie. Quant à Désirée, elle sera ma femme ». Tels auraient été les propos de Napoléon. Joseph préfère effectivement une autre Clary et épouse Julie.

Désirée se fiance officiellement avec Napoléon le 21 avril 1795, malgré les réticences de Mme Clary : « J'ai déjà bien assez d'un Bonaparte dans ma famille » ! L'alliance des Bonaparte avec les Clary leur apporte notoriété et fortune.

Mais au cours de l’été 1795, Napoléon fait la connaissance de Joséphine. Bonaparte renonce au projet de mariage avec Désirée, rompt ses fiançailles le 6 septembre 1795. Désirée gardera toujours une rancune tenace envers sa rivale Joséphine, « la vieille ».

Désirée aura plusieurs prétendants, Duphot, général de brigade mais celui-ci est tué au Palais Corsini, par les soldats du Pape, au moment où il tente d'apaiser une émeute. Désirée, horrifiée, assiste du haut de l'escalier à cette scène tragique. Cette rébellion favorise la décision du Directoire d'envoyer des troupes en Italie (février 1798).

De retour à Paris, voici un nouveau prétendant, Junot. Mais c’est un autre général qui aura les faveurs de la belle jeune fille, Jean-Baptiste Bernadotte, l'adversaire militaire et politique de Bonaparte. Une sorte de revanche pour la fiancée éconduite.

Désirée épouse Bernadotte en août 1798. C’est au 32, rue de Monceau que naît leur enfant unique, Oscar, dont le parrain sera Napoléon en personne.

Août 1810, Bernadotte est élu prince héritier de Suède. Désirée s'installe à Stockholm au début de l’année suivante mais au bout de quelques mois revient vivre seule à Paris sous le titre de comtesse de Gotland.

La Cour de Stockholm est sévère et ennuyeuse, le climat trop rigoureux. Elle devient ainsi un agent de liaison utile au nouveau souverain suédois, « ma petite espionne ». Parallèlement, Napoléon se sert également de Désirée pour faire passer des messages.

En 1818, elle devient reine de Suède et de Norvège, auprès de son époux devenu Charles XIV Jean. Elle repart définitivement en Suède en 1823, six jours avant la célébration du mariage de son fils avec la fille d'Eugène de Beauharnais. Elle finit par s'accoutumer à son pays d'adoption, gagne l'estime de ses sujets et ne songe plus à un retour en France. Son royal époux fait construire à son intention le Palais de Rosendal où Désirée mène une vie à sa convenance, loin de l'étiquette de la Cour.

Elle est couronnée officiellement reine de Suède et également de Norvège sous le nom de Sa Majesté Desideria, le 21 août 1829.

À la mort de son époux le 8 mars 1844, son fils devient roi sous le nom d'Oscar Ier.

La reine Désirée meurt le 17 décembre 1860 à l'âge de 83 ans.

Notons que Julie, sa sœur et épouse de Joseph, sera un temps reine d’Espagne