Claude-Nicolas Ledoux (1736-1806)
Il est né à Dormans en 1736, fils d’un marchand champenois.
D’abord employé chez un graveur, il étudie sous la direction de Jacques-François Blondel, aménageur de la place d’Armes de Metz.
A 26 ans, il réalise sa première œuvre, le château de Mauperthuis, en Seine-et-Marne (aujourd’hui détruit).
En 1771, il érige à Louveciennes le pavillon de musique de Madame du Barry dans un style sobre, néoclassique, qui va s’affirmer dans la prochaine œuvre d’importance.
Par l’entremise de la comtesse du Barry, Ledoux devient inspecteur des salines de l'État en Franche-Comté. Il a en charge la construction de la saline royale d’Arc-et-Senans, érigée entre 1774 et 1779. Un vaste projet qui est davantage celui d’un urbaniste que d’un archiecte. Ledoux peut y concrétiser sa vision de la cité industrielle idéale, vision influencée par les idées des Lumières. Selon un plan en demi-cercle, Claude-Nicolas établit les plans des ateliers, des bâtiments destinés aux ouvriers, logements et services avec, au centre, le pavillon du directeur.
Le Mur
En 1784, la Ferme Générale obtient l’autorisation de construire un mur douanier pour limiter la contrebande des marchandises entrant dans Paris. Ledoux avait déjà travaillé pour la Ferme. Fort de l’accueil qui fut réservé à son projet pour la Saline, il est choisi pour construire les bâtiments d’octroi.
Le nom choisi par Ledoux annonce déjà la monumentalité du projet : « les Propylées de Paris » - l’influence grecque de l’architecture est affirmée. Chaque barrière sera différente, Ledoux va utiliser tout le vocabulaire disponible du style qu’il s’est choisi, il y aura des rotondes, des dômes, des colonnes simples ou baguées (alternance de cubes et cylindres, une originalité de l’architecte), des cubes, des guérites, des temples, péristyles, loggias, etc.
Les barrières commencent à sortir de terre à partir de 1785 ; la Ferme mène les travaux battant, consciente des risques de réactions négatives. Elle a raison car toute cette magnificence étalée pour des bâtiments destinés à percevoir des taxes est très mal perçue par le peuple parisien. Louis Sébastien Mercier est scandalisé : « les antres du fisc métamorphosées en palais à colonnes » ! Necker désavoue l’entreprise.
La colère est telle que Ledoux est suspendu de ses fonctions en 1787, avant même la fin des travaux, et révoqué par Necker le 23 mai 1789.
Les critiques pleuvent, Quatremère de Quincy juge sévèrement le style des « propylées », le coût supposé des travaux scandalise. Le projet de palais de Justice d’Aix-en-Provence est ajourné,
Puis éclate la Révolution. L’octroi est – momentanément – supprimé en mai 1791, la noblesse émigre, autant de clients potentiels en moins pour l’architecte.
En 1794, Ledoux, identifié comme agent du despotisme depuis l'affaire des barrières, est écroué à la prison de la Force.
En vain de la muraille immense
Dont tu nous cernes dans Paris,
Par des brocards et des écrits
On persifle l'extravagance.
Pour moi j'approuve ta raison,
Et j'estime ton plan fort sage ;
Ledoux, selon un vieux adage,
Il faut embellir sa prison.
Bien que s’étant constitué une fortune considérable, il échappe à la guillotine. Mais il perd une fille tandis qu’une autre lui intente un procès.
Après la Révolution, sa carrière de bâtisseur est terminée mais il n’abandonne pas le terrain des idées ; c’est par ses publications où il développe ses idées de Cité idéale ébauchée à Arc-et-Senans qu’il peaufine son image d’architecte utopiste.
Il meurt à Paris en 1806 et la plus grande partie de ses réalisations a disparu.
Projet du palais de justice d’Aix-en-Provence