43 : Barrière de Ménilmontant

Boulevard de Belleville au niveau de la rue Oberkampf

Barrière de Ménilmontant par Palaiseau 1819 (gallica.bnf.fr)

Autre nom : barrière de la Roulette.

Le Comptage des animaux aux barrières

Les animaux qui servaient à l'approvisionnement de Paris étaient abattus dans les tueries à l'intérieur de la ville. Les troupes de boeufs parcouraient à pied les quartiers les plus fréquentés. Effarouchés par le bruit des voitures, irrités par les excitations des enfants, les attaques ou les aboiements des chiens errants, ils prenaient souvent la fuite, se précipitaient dans les magasins, dans les cours, dans les allées, y portaient l'épouvante, blessaient les personnes et y commettaient de grands dégâts. Des émanations malsaines s'exhalaient des tueries mal aérées et trop petites. Le fumier répandait une odeur insupportable.

En 1802, la boucherie fut de nouveau réglementée par un décret avec, notamment, l'obligation d'abattre dans les établissements municipaux.

Les bouviers menaient vers la capitale de longs troupeaux de bestiaux, chacun ayant été soigneusement marqué au préalable par le boucher qui l'avait acheté. 

Arrivé à la barrière, le conducteur du troupeau donnait sa feuille à un employé de l'octroi, et on procédait aussitôt à l'introduction des animaux. Une petite porte était ménagée à chacune des grilles désignées pour ce genre de réception.

Une fois dans Paris, hommes et bêtes se dirigeaient vers l'abattoir désigné, toujours par des chemins déserts, le plus souvent par les boulevards extérieurs.

Les arrivages de Poissy entraient par la barrière Ménilmontant pour aller à l'abattoir du même nom ou de Popincourt, et par la barrière Rochechouart ou par celle des Martyrs pour aller à l'abattoir Montmartre.

Les Saint-Simoniens

Le chemin de Ménilmontant menait également à la maison des Saint-Simoniens, disciples du comte de Saint-Simon, philosophe mort et auteur du Nouveau Christianisme, d'où son école tira les principes d'une hiérarchie fondée sur le travail : « La société toute entière repose sur l'industrie. L'industrie est la seule garantie de son existence, la source unique de toutes les richesses.  » ou encore : « Il faut refondre tout le système des idées morales ; mais il faut passer de la morale céleste à la morale terrestre, balayer l'espoir du paradis et la crainte de l'enfer ».

Une école de pensée héritée du siècle des Lumières et du positivisme d'Auguste Comte qui va évoluer vers le sectarisme lorsque Prosper Enfantin prendra la direction de la communauté.

Ils sont une quarantaine à venir s'installer à l'actuel 145, rue de Ménilmontant. Un meneur qui devient grand prêtre, prêchant le respect des passions de l'homme, met les disciples en attente d'une femme-messie avec qui il formera le couple fondateur d'une nouvelle religion.

Tous les membres de la communauté sont vêtus d'un pantalon bleu et d'un gilet blanc boutonné dans le dos et portant le nom du disciple.

On monte le chemin de Ménilmontant pour contempler ces curiosités.

Le mouvement sera dissout en 1832 et Prosper Enfantin arrêté.

Plusieurs personnalités du monde de la finance et de l'industrie ont été un temps saint-simoniens, tels les frères Péreire et Ferdinand de Lesseps.

« Les Moines de Ménilmontant » (gallica.bnf.fr)