31 : Barrière des Martyrs

Boulevard de Rochechouart, au niveau de la rue des Martyrs.

Barrière des Martyrs par Palaiseau 1819 (gallica.bnf.fr)

Cette barrière a eu de nombreux noms différents : des Porcherons, du Champ de Repos (1793), des Martyrs (1806) ou de Clignancourt.

Les martyrs en question sont Denis et ses deux compagnons, Eleuthère et Rustique qui, selon la tradition, ont été décapités sur le Mons Martyrium

Face à la barrière se tenait le bal de la Boule Noire (cf. Barrière Pigalle)

A cet endroit, le mur des Fermiers-Généraux subit une inflexion, comme un coin s’enfonçant dans Paris. La responsable est l’abbesse de Montmartre qui fit pression pour que le mur contourne le verger de l’abbaye.

La rue des Martyrs fut donc coupée en deux par le mur d’octroi. La partie extra-muros prit un temps le nom de Chaussée des Martyrs. 58 maisons bordaient cette chaussée, 25 étaient des cabarets ! Il est vrai que la côte est raide et assoiffe le piéton.

Le Faisan Doré, le Bœuf Rouge, le Lion d’Argent étaient les plus réputés de ces estaminets.

31.1: Barrière de Rochechouart

Boulevard de Rochechouart, au niveau de la rue de Rochechouart

Une barrière tardive, construite en 1826.

Elle s’appela également barrière de Clignancourt et barrière du Télégraphe, en référence au télégraphe optique de Chappe qui avait été installé sur la vieille église Saint-Pierre de Montmartre.

Les cabarets du quartier des Porcherons

Crasseux, c’est l’adjectif qui caractérise le quartier selon l'image qu'en donnent Restif de la Bretonne et Louis-Sébastien Mercier ..

La rue Rochechouart, comme sa voisine la chaussée des Martyrs, est jalonnée par les cabarets. Elle en comptait 18 au début du XIXème siècle ; la Fontaine d’Amour, le Caprice des Dames, le Roi d’Yvetot, le Veau qui Tête, aux Armes de Madame l’Abbesse, la Vache Noire, le Ramponneau du Gagne-Petit.

Certains de ces établissements ne cachent pas leur vocation, on pouvait y rencontrer les « Vénus des barrières » ou encore les « pierreuses », prostituées souvent âgées qui usaient leurs souliers à racoler à la périphérie de la ville, dans les terrains vagues au-delà de la barrière. Certains sont des bouges, des exutoires des taudis des faubourgs parfois repaires de voleurs, des souricières où la police a ses mouches, les indicateurs, patron en tête.

La Pierreuse (Steinlen)


Les chiffonniers qui, selon la loi, ne pouvaient exercer leur métier entre minuit à cinq heures du matin, venaient y poser leur hotte. Chiffonniers et chiffonnières qui étaient souvent d’anciennes prostituées. "Laissez passer la chiffonnière de l'avenir" crie un gamin en voyant passer une élégante en voiture à cheval.

Les Porcherons.

On voit luronnes et lurons

les jours de fête et le dimanche,

danser la gigue ou l’éclanche

à gogo, boire et riboter,

farauder, rire et gigoler

(Vadé)