10 : Barrière du Montparnasse ou Mont-Parnasse
Boulevard Edgar-Quinet, au niveau de la rue du Montparnasse
Barrière de Montparnasse par Misbach 1797 (gallica.bnf.fr)
Deux bâtiments ayant chacun deux péristyles.
Le Bal de la Grande Chaumière
Ce célèbre bal de barrière se trouvait entre les numéros 112 et 136 du boulevard.
Pour s’y rendre, les Parisiens empruntaient le chemin justement appelé aujourd’hui rue de la Grande-Chaumière.
Emile de la Bedollière, le Nouveau Paris (1860) : « Elle avait été fondée en 1788 par un Anglais, nommé Tinkson, on y dansait en plein vent dans une enceinte qu'entouraient des cabanes où se débitaient des rafraîchissements. Un sieur Fillard s'associa à Tinkson, et substitua aux cabinets couverts en chaume un bâtiment de deux étages. Sous l'Empire, la Grande-Chaumière fut fréquentée principalement par les militaires et par les bourgeois du quartier du Luxembourg, elle s'enrichit vers 1814 de montagnes russes et d'un tir au pistolet. Après 1830, les étudiants l'adoptèrent, ainsi que leurs sémillantes compagnes, parmi lesquelles brillait Clara Fontaine, qui fut couronnée la reine des étudiantes […] elle peut être considérée comme une des créatrices de la danse échevelée.
Dans les derniers temps la Grande-Chaumière avait pour propriétaire M. Lahire, qui présidait en personne aux quadrilles et aux polkas, et lançait d'une voix tonnante un formidable quos ego, quand il remarquait des allures trop impétueuses et des gestes trop désordonnés.
Fière de son antique renommée, la Grande-Chaumière se croyait invincible : quel jardin était mieux dessiné, ombragé de plus beaux arbres ! Mais de toutes parts s'élevèrent des établissements rivaux. Bullier créa la Closerie-des-Lilas, et bientôt les étudiants oublièrent le chemin de l'asile cher à leurs devanciers. »
Autres personnalités de ce bal de barrière : Rigolboche, qui s’illustrait aussi dans les bals de Montmartre, et la reine Pomaré, qui popularisa la Polka, Céleste Mogador, ex lorette devenue danseuse, écuyère, directrice de théâtre (les Folies Marigny et non pas le théâtre éponyme) puis écrivain.
François Bullier était allumeur de lampions à la Grande Chaumière. Fort des années passées dans l’établissement, il reprend une affaire non loin d’ici. Ouvert en 1847, le bal prend le nom de La Closerie des Lilas – Jardin Bullier. Réussite totale, le bal de la Grande Chaumière est vite délaissé et doit fermer ses portes en 1855.
Messieurs les étudiants
S'en vont à la Chaumière
Pour y danser l'Cancan
Et la Robert-Macaire
Gustave Doré – au règne de la grande Chaumière, de Mogador et de Pomaré 1840 (gallica.bnf.fr)