38.2 : Barrière du Combat

Place du Colonel-Fabien (ex-place du Combat), extrémité nord de la rue Grange-aux-Belles

Barrière du Combat par Palaiseau 1819 (gallica.bnf.fr)


Cette barrière eut pour noms successifs barrière Saint-Louis, du Combat du Taureau, du Taureau. On l’appelait aussi barrière Meaux.

Elle fut démolie après les combats de la Commune. Mais son nom n'est pas en rapport avec ces combats. Sur l’actuelle place du Colonel Fabien – ex place du Combat – s’organisaient des combats d’animaux ! Des taureaux mais aussi des ours, des loups, des cerfs, des sangliers, des chiens et autres animaux domestiques. Devant un public braillard et avide de sang. On y pratiquait aussi des "courses de taureau à l'Espagnole" suivies d'une mise à mort.

Dans "l'âne mort", Jules Janin évoque un pauvre âne jeté au milieu d'une mêlée d'énormes bouledogues : « Je vous assure que c’était un lamentable spectacle. Le malheureux âne commença d’abord par chercher l’équilibre ; il fit un pas, puis un autre pas, puis il avança autant que possible sa jambe droite de devant, puis il baissa la tête, prêt à tout. Au même instant quatre dogues affreux s’élancent ; ils s’approchent, ils reculent et enfin ils hésitent ; ils s’enhardissent, ils se jettent sur le pauvre animal. La résistance était impossible, l’âne ne pouvait que mourir. Ils déchirent son corps en lambeaux ; ils le percent de leurs dents aiguës ; l’honorable athlète reste calme et tranquille : pas une ruade, car il serait tombé, et, comme Marc-Aurèle, il voulait mourir debout. Bientôt le sang coule, le patient verse des larmes, ses poumons s’entre-choquent avec un bruit sourd ; et j’étais seul ! Enfin l’âne tombe sous leurs dents. »

Des combats à d’autres barrières

Les combats d'animaux furent longtemps une distraction royale goûtée par Henri II, Charles IX ou Louis XIV. En 1730, ces attractions devinrent publiques ; elles se déroulaient près de la barrière de la rue de Sèvres, zone semi déserte à l’époque. Le champ clos fut transféré ici en 1778. Les combats d’animaux seront interdits en 1843.

Epandages de vidanges humaines, équarrissage, combats à mort entre animaux. Ajoutons à cet inventaire le souvenir du gibet de Montfaucon avec ses pendus qui se balançaient au vent le long de l’actuelle rue de la Grange-aux-Belles, l’hôpital Saint-Louis avec ses lépreux et ses syphilitiques... ; les agents de l’octroi des barrières Saint-Louis avaient sous les yeux de biens sinistres spectacles !