Madame Hanska 14, rue Fortunée (1847-1882)
Ce soir de mai 1850, la toute nouvelle madame de Balzac, mariée depuis mars, connaît une bien curieuse arrivée à son nouveau domicile, dans une ville qui lui est inconnue. Après un voyage pénible de plus de 2.000 kilomètres, le couple se voit interdit de pénétrer dans sa maison par un serviteur pris d’un accès de folie.
Eve est en proie au doute, loin de son pays et de son monde, aux côtés d’un homme très malade et écrasé de dettes. Elle vit dans cette maison de lugubres journées jusqu’à ce funeste 18 août. L’agonie de Balzac a été terrible.
La voici veuve pour la seconde fois. Elle se met en devoir de régler les dettes de son défunt mari, elle n’oublie pas non plus la mère de Balzac qui vivait avec le couple et à laquelle elle verse une pension.
Dettes mises à part, Balzac lègue à sa veuve quantité d’écrits, de notes, de travaux inachevés et d’archives. Elle sollicite l’aide de l’écrivain Champfleury pour mener à bien ce lourd travail de classement. Cette aide ne sera pas que matérielle car Champfleury deviendra son amant, ce qui fera l’objet de critiques injustes de la part de l’entourage. Son dernier compagnon sera le peintre Jean Gigoux qui a fait un portrait de sa fille Anna. Ils resteront ensemble jusqu’à la mort de la comtesse en avril 1882, à 81 ans.
Quelques jours après le décès d’Eve de Balzac, les créanciers se précipitent sur la maison de la rue Fortunée pour procéder à son pillage en règle. Les « paperasses » jugées sans intérêt sont jetées à la rue. Heureusement, un collectionneur averti et conscient du risque de perte irréparable fera le tour des commerçants pour leur reprendre leurs « papiers d’emballage », sauvant ce qui était encore possible de l’être.
Eve de Balzac repose au Père-Lachaise, aux côtés de son mari.