14, rue Fortunée (1847-1850)
Aujourd’hui 22, rue Balzac
1847 : Balzac quitte Passy et revient à Paris. Il a acheté une maison 14, rue Fortunée en septembre de l’année précédente et la décore avec raffinement. Il veut un endroit digne pour accueillir sa bien aimée madame Hanska.
Les dernières créations littéraires du maître n’ont pas la puissance des œuvres antérieures, deux chefs d’œuvre mis à part : la Cousine Bette et le Cousin Pons. Balzac avait déjà connu une déconvenue, la publication de Modeste Mignon en feuilleton dans le Journal des débats avait été interrompue et remplacée par le Comte de Monte-Cristo. La prose de Dumas et d’Eugène Sue est mieux adaptée à ce type de publication « en tranches » que la littérature plus dense de Balzac.
A l’approche de la cinquantaine, l’homme est usé par la colossale charge de travail qu’il s’est imposée. Le corps ne suit plus, les symptômes inquiétants se multiplient : migraines, tressautements des paupières, évanouissements, essoufflements. Son embonpoint persistant n’arrange pas les choses ni le manque de sommeil et les quantités de café qu’il ingurgite. On diagnostique une hypertrophie du cœur (une artériosclérose).
Pour ne rien arranger, il a multiplié les voyages ces dernières années, de longs parcours cahoteux sur des routes défoncées. En France pour se documenter, en Italie, en Suisse. Et surtout ceux qui vont l’emmener vers sa bien aimée : en 1843, il part en bateau de Dunkerque pour Saint-Petersbourg, mais revient par la route ; en 1845, direction Dresde ; deux ans plus tard, il passe l’hiver au château de Wierzchownia chez madame Hanska, en Silésie.
Il y retourne en 1849 pour obtenir enfin ce qu’il attendait depuis des années, la main d’Eve. Le mariage a lieu en mars 1850 dans l’église de Berditcheff et madame Balzac rentre à Paris avec son mari. Les deux mille kilomètres du voyage de retour sont un enfer et achèvent de ruiner la santé de l’écrivain.
Le couple arrive enfin rue Fortunée un soir de mai 1850. Trois mois plus tard, le 18 août 1850, Honoré de Balzac est mort.