36, rue de Vaugirard - La Chronique de Paris (1835-1836)

  

« Je veux le pouvoir en France, et je l’aurai », lettre à madame Hanska, mars 1836.

Voilà la raison pour laquelle Balzac se fait directeur de journal, tremplin pour se porter candidat aux élections législatives. En décembre 1835, Balzac rachète la Chronique de Paris à l’imprimeur Maximilien Béthune, un hebdomadaire qui tire à 1.000 exemplaires.

Balzac a déjà une expérience du journalisme, avec Horace Raisson dans les années 1820 ou à la Caricature.

Comme à son habitude, Balzac voit les choses en grand. Mais il va vite déchanter. Son équipe n’est pas prestigieuse, seul émerge du lot Gustave Planche, critique féroce et controversé.

Quelques contributions de grandes plumes telles Charles Nodier mises à part, Balzac ne pourra compter que sur la collaboration régulière de Julien Sandeau et de son nouvel ami, Théophile Gautier. Hugo déclinera l’invitation. On pourra cependant y voir quelques caricatures de Daumier.

Balzac se révèle un piètre directeur de publication, l’absence de ligne éditoriale se fait sentir. Ses articles de politique étrangère approuvant l’autoritarisme de certaines monarchies et dénonçant le libéralisme de l’Angleterre sont en contradiction avec la sensibilité du reste de la rédaction. Il agit en franc-tireur, approuve même les lois contre la liberté de la presse de septembre 1835. Une telle confusion détourne le lecteur du journal.

L’un des associés, Duckett, se retire de l’affaire. Le tirage tombe à 400 exemplaires.

La société est dissoute en juillet 1836, quelques mois après sa création.

Ses dettes, déjà énormes, se sont alourdies de 46.000 francs. A combien celles de son beau-frère Surville, à nouveau associé dans une mésaventure, se montent-elles ?

C’est la fin de Balzac directeur de journal mais pas de Balzac journaliste.


D’après Patricia Baudouin : « Balzac directeur de la Chronique de Paris », l’année balzacienne n°7 (1/2006)