104, rue du Bac (1825-1826)
1825-1826 : Balzac éditeur
Au 104, rue du Bac est installée la librairie d’Urbain Canel. Comme beaucoup de ses collègues, Canel est également éditeur. En 1825, il s’associe avec un autre libraire pour une belle entreprise : rééditer Molière, Racine, Corneille et La Fontaine, chacun dans un beau et gros volume illustré. Une idée neuve pour l’époque, en quelque sorte, la collection la Pléiade avant l’heure.
Tout projet ambitieux nécessite une mise de fonds. Le jeune Balzac, en grande période de doute car le succès n’est toujours pas au rendez-vous, est candidat. Il s’investit énormément, peaufine le projet, trouve un imprimeur et assure une publication de belle qualité. Mais au bout de quelques mois, le jeune homme est lâché pat Canel et son associé. Balzac ne renonce pas mais c’est un fiasco.
Laure Surville, la sœur d’Honoré : « Le premier, il eut l'idée des éditions compactes, qui enrichirent depuis la librairie, et publia en volume les oeuvres complètes de Molière et de la Fontaine. Il mena de front ces deux publications, tant il craignait qu'on ne lui enlevât l'une pendant qu'il ferait l'autre. Si ces éditions ne réussirent, pas, c'est parce que l'éditeur, inconnu en librairie, ne fut pas soutenu par ses confrères patentés, qui se refusèrent à vendre et à recevoir ces livres ; la somme prêtée ne put suffire pour les nombreuses annonces qui auraient peut-être attiré les acheteurs ; ces éditions restèrent donc parfaitement inconnues : à une année de leur publication, mon frère n'en avait pas vendu vingt exemplaires, et pour ne plus payer le loyer du magasin où elles étaient entassées et se perdaient, il s'en défit, au prix du poids brut de ce beau papier qui avait coûté si cher à noircir. »
Signalons que ce fut la première de la longue série des faillites d’Urbain Canel !